Une crise humanitaire silencieuse continue de ravager le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, où des enfants sont enrôlés par des groupes armés. En marge de la journée internationale des enfants soldats, l’ONG Enfant pour l’Avenir et le Développement (EADEV) a révélé des chiffres alarmants : au moins cent enfants ont été recrutés entre novembre et décembre 2024 par des factions armées actives dans la région, notamment les Bana Bateseka, les Victimes des Massacres et le FPP/AP. Ces chiffres jettent une lumière crue sur une réalité sombre et inacceptable.
Selon le point focal de l’EADEV, ce phénomène traduit une tragédie profonde pour l’avenir des enfants vulnérables. “Seul le retour à la paix peut offrir une solution durable à ce problème”, affirme-t-il. Le territoire de Lubero est depuis longtemps gangrené par des groupes armés nationaux et étrangers, qui exploitent cette instabilité pour forcer des enfants à grossir leurs rangs. En parallèle, les défis socio-économiques, exacerbés par le déplacement massif des populations, aggravent la situation. Le spectre de la pauvreté et la difficulté d’accès à l’éducation transforment ces jeunes en proies faciles.
Outre les enfants enrôlés, l’EADEV recense également 7 379 enfants déplacés, dont 3 748 filles, vivant actuellement dans des conditions précaires à Lubero. L’absence d’accès à l’école fait craindre que ces jeunes, laissés sans ressources et sans protection, se retrouvent dans la rue et soient attirés par les promesses fausses et séduisantes des groupes armés. Ces organisations leur promettent un avenir illusoire, mais la réalité est bien plus sombre : violence, exploitation, et perte de leur enfance.
Face à cette spirale infernale, l’EADEV lance un appel poignant au gouvernement de la République démocratique du Congo. Il est urgent d’agir pour rétablir la sécurité dans la région, permettre aux familles déplacées de regagner leurs villages et offrir à ces enfants une chance de reconstruire leur avenir. Ces actions ne peuvent plus attendre si les autorités veulent enrayer ce cycle vicieux de souffrance et de vulnérabilité.
L’actualité au Nord-Kivu reflète une crise plus large qui sévit en République démocratique du Congo. Les efforts pour sécuriser et stabiliser cette région ne concernent pas seulement la sécurité locale, mais touchent au cœur des droits humains et de la dignité des citoyens les plus fragiles. Alors que la communauté internationale marque la journée des enfants soldats, la situation au Nord-Kivu rappelle avec force que chaque enfant mérite une chance, non un fusil.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net