Le Liban a tourné une nouvelle page de son histoire politique ce 8 février 2025 avec la formation du gouvernement dirigé par Nawaf Salam. Après plus de deux ans d’intérim, ce pays, marqué par des crises multiples, voit l’émergence d’une administration qui devra relever des défis colossaux. Le contexte, alourdi par la guerre récente entre Israël et le Hezbollah, témoigne de la difficulté du chemin à parcourir.
Ce gouvernement de 24 ministres, comprenant cinq femmes, notamment Tamara Elzein et Haneen Sayed, porte l’ambition de transformation et de réformes radicales. Parmi les personnalités éminentes nommées figure Ghassan Salamé, ancien émissaire de l’ONU en Libye. Nawaf Salam, dans une déclaration télévisée, a qualifié son équipe de “gouvernement de réforme et de salut”, promettant de restaurer la confiance du peuple envers l’État et de renforcer les liens avec les voisins arabes et la communauté internationale.
Les attentes placées sur ce gouvernement sont élevées. Sous une pression internationale constante, il doit réaliser des réformes permettant de débloquer des milliards de dollars d’aide externe, tout en supervisant un processus de reconstruction dans un Liban ravagé par la crise économique et politique. Parallèlement, l’administration doit maintenir un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, un mouvement affaibli par les récentes tensions militaires.
L’arrivée au pouvoir de Joseph Aoun, ancien chef de l’armée et proche des positions américaines, symbolise un rééquilibrage politique au Liban. Ce choix marque un recul du Hezbollah, autrefois hégémonique, après la guerre avec Israël et la perte de ses soutiens syriens. Nawaf Salam a exclu toute participation de figures politiques classiques ou de candidats aux prochaines élections législatives de son cabinet pour favoriser la crédibilité et l’impartialité du gouvernement.
Le monde regarde ce gouvernement avec prudence et espoir. Les États-Unis, par la voix de leur ambassade, ont salué la formation de cette nouvelle administration. De son côté, Emmanuel Macron a réitéré l’engagement de la France à soutenir le Liban pour faire face à ses défis économiques et structurels. Une déclaration encouragée aussi par l’Union européenne et les Nations Unies qui perçoivent cet événement comme “le début d’un chapitre plus radieux” pour le pays.
Malgré cet optimisme, les obstacles restent nombreux. Avec une économie ébranlée depuis 2019 et un Parlement encore dominé par des partis confessionnels, l’adoption d’une déclaration ministérielle pour obtenir la confiance nécessaire à gouverner demeure une étape cruciale. De plus, le gouvernement devra renégocier les accords avec le FMI et garantir des élections législatives transparentes en 2026 pour reconstruire une démocratie affaiblie.
Depuis des années, les appels à réformes se multiplient sans véritable changement. Cette fois-ci, le Liban est-il prêt à amorcer une mue profonde ? Les semaines à venir diront si ce gouvernement parviendra à sortir le pays du marasme ou s’il se heurtera, comme tant d’autres, aux labyrinthes de la politique libanaise.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net