Une tragédie inimaginable s’est jouée à Goma, dans la province du Nord-Kivu, le 27 janvier dernier. Une évasion massive de la prison centrale de Munzenze a coûté la vie à entre 160 et 170 détenus selon une source pénitentiaire recueillie par Radio Okapi. La situation déjà tendue dans la région, marquée par les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, a contribué à ce drame sans précédent.
Profitant du chaos provoqué par l’entrée des rebelles dans la ville, les prisonniers de Munzenze ont orchestré une évasion massive. Pour faciliter leur fuite, ils ont mis le feu à une partie importante de l’établissement. Le prix humain de ce geste est tragique : pas moins de 141 femmes détenues ont trouvé la mort dans l’incendie, ainsi que 28 enfants, trop jeunes pour être séparés de leurs mères emprisonnées. De surcroît, plusieurs détenus ont été abattus lorsque les gardiens ont tenté de maîtriser l’évasion.
Une semaine après les événements, le paysage de la prison de Munzenze évoque un champ de ruines. Les lieux sont désormais vides de toute présence humaine. Les gardiens ont déserté, et la grande majorité de l’établissement a été ravagée par les flammes. Le pillage qui a suivi n’a laissé que des cendres et des décombres derrière lui, y compris le bureau de l’administration pénitentiaire.
La prison de Munzenze, qui pouvait accueillir une fraction des 4 400 détenus qu’elle abritait au moment de cette tragédie, représentait déjà un sinistre exemple des conditions carcérales en République démocratique du Congo. Cette catastrophe révèle non seulement l’insuffisance des infrastructures caritatives, mais aussi l’impact dévastateur des crises sécuritaires sur les institutions jadis mises en place pour maintenir l’ordre. Les questions restent nombreuses : aurait-on pu prévenir cette hécatombe ? Les responsabilités seront-elles établies ? Ce drame vient alourdir une réalité déjà sombre pour le Nord-Kivu, où les affrontements incessants et la crise humanitaire atteignent des proportions alarmantes.
L’évasion de Munzenze, au-delà de son aspect humain tragique, pose également des questions cruciales quant à la sécurité du système pénitentiaire congolais face aux crises multiples auxquelles le pays est confronté. Tandis que Goma panse ses plaies, la tragédie de Munzenze sert de rappel cruel des défis colossaux auxquels est confrontée la République démocratique du Congo. Mais qui, dans ce long drame, prendra enfin le flambeau des réformes nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
