La récente directive ministérielle, en provenance du ministère de l’Emploi et du Travail, suscite des débats animés au sein des milieux économiques de la République Démocratique du Congo. L’arrêté n°012/CAB/MINET/ETPS/EAN/JDK/2024, publié le 31 décembre 2024, introduit une révision du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). Cette décision, bien que saluée par certains comme une avancée pour le pouvoir d’achat des travailleurs, est vivement critiquée par des acteurs économiques et sociaux sur plusieurs fronts.
Le décret, qui aurait pour vocation d’assurer de meilleures conditions de vie aux travailleurs congolais, a été pris sans concertation préalable des parties prenantes au sein du Conseil National du Travail (CNT). Cet organe est pourtant légalement désigné pour garantir l’équilibre social en matière de politique salariale. Les critiques dénoncent un processus précipité qui n’a pas tenu compte des données socio-économiques actuelles ni des capacités réelles des entreprises, déjà confrontées à des défis majeurs comme la conjoncture inflationniste et l’instabilité sécuritaire.
Du côté des employeurs, c’est l’inquiétude qui prédomine. Les petites et moyennes entreprises (PME), dans un pays où elles jouent un rôle économique clé, risquent de pâtir sévèrement de l’augmentation du SMIG. Pour de nombreuses entreprises, cette mesure pourrait entraîner des licenciements, une hausse de l’économie informelle ou des faillites, autant de risques qui pèseraient sur l’économie nationale déjà fragilisée.
Cependant, pour les syndicats et les travailleurs, c’est un pas important. Avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, la question de l’amélioration des revenus des salariés était devenue urgente. Mais même parmi les défenseurs de cette augmentation, on reconnaît que la mise en œuvre devrait être accompagnée de mesures d’accompagnement concrètes pour limiter les effets secondaires négatifs.
Cette annonce relance également les débats sur le dialogue social en RDC. Ce dernier semble toujours fragile, souvent bafoué par des décisions unilatérales. En laissant les partenaires sociaux de côté, les autorités risquent d’aggraver le fossé entre les différents acteurs, ce qui pourrait avoir des répercussions non seulement sur l’économie, mais aussi sur le climat social en général.
Alors que le Premier ministre invite à réexaminer cette décision le 8 janvier 2025, tous les regards sont tournés vers une possible révision de l’arrêté. Quels seront les ajustements proposés, et permettront-ils de prévenir une crise économique et sociale ? Congoquotidien.com continuera à suivre cette affaire et à fournir des informations en temps réel sur cette situation épineuse.