Depuis le 7 janvier dernier, la République Démocratique du Congo (RDC) a pris un tournant significatif dans la lutte pour sa souveraineté nationale. Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont confirmé la reprise du contrôle de Ngungu, une cité stratégique située dans le groupement Ufamandu, au nord de Masisi, dans la province du Nord-Kivu. Cette annonce, faite le 10 janvier par le Lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko, porte-parole de l’armée dans cette juridiction, a mis en lumière une bataille cruciale non seulement pour le territoire, mais aussi pour les riches ressources naturelles de la région.
Ngungu se trouve à proximité de Rubaya, un territoire célèbre pour ses gisements de coltan, un minerai essentiel pour la haute technologie. En dépit de ses vastes ressources en coltan, la RDC est en train de perdre sa position sur le marché mondial au profit du Rwanda, principal bénéficiaire de ces richesses. Entre 2014 et 2023, le Rwanda s’est hissé à cinq reprises en tête des exportateurs mondiaux de coltan, surpassant la RDC, selon les données de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Cette disparité s’explique par un transfert massif et clandestin de minerais, orchestré par la coalition M23/AFC avec le soutien avéré de Kigali.
Un rapport récent des experts de l’ONU révèle des pratiques alarmantes : environ 120 tonnes de coltan sont acheminées chaque mois de Rubaya vers le Rwanda via des convois de 4 à 5 véhicules, chacun capable de transporter jusqu’à 5 tonnes. Ces convois clandestins génèrent des revenus considérables pour le M23/AFC, qui impose des taxes à la production et au commerce de ces minerais. On estime que cet impôt procure environ 800 mille USD par mois à ce groupe armé. Des permis sont délivrés aux creuseurs et aux opérateurs économiques dans la région, consolidant une économie parallèle qui échappe totalement à l’État congolais.
Le contrôle de ces richesses, au détriment du peuple congolais, remonte à l’époque de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL). Depuis lors, une exploitation vorace par des intérêts étrangers et locaux a exacerbé la crise humanitaire et sécuritaire dans l’est du pays. Pour les analystes, cette situation met en lumière l’implication des grandes puissances dans la déstabilisation continue de cette partie de la RDC, toutes désireuses de maintenir des dirigeants malléables à leurs intérêts.
Le regain de contrôle sur Ngungu représente un espoir pour court-circuiter cette chaîne d’exploitation illégale. Cependant, cette victoire ne suffira pas à elle seule à sécuriser durablement la région. La RDC devra redoubler d’efforts pour s’assurer que ces richesses bénéficient avant tout à ses habitants et non à des intérêts étrangers et au financement de groupes armés. Cette avancée des FARDC suscite des questions essentielles : jusqu’où iront les autorités pour rétablir leur contrôle total sur Rubaya et ses environs ? Et surtout, comment la RDC peut-elle transformer cette victoire militaire en un avantage économique durable pour son peuple ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
