Après des décennies de relations tumultueuses et ambiguës, la Syrie et le Liban semblent ouvrir un nouveau chapitre dans leur histoire commune. Ce samedi 11 janvier, Ahmed al-Charaa, le nouveau dirigeant syrien, et Najib Mikati, le Premier ministre libanais, se sont engagés depuis Damas à renforcer des liens « stratégiques durables » entre leurs deux nations. Cette annonce marque une étape importante dans les relations entre ces pays voisins, marquées par plusieurs décennies de tensions et de méfiances réciproques.
Cette déclaration commune intervient dans un contexte de transition politique majeure. La Syrie, toujours en quête de reconstruction après une guerre civile meurtrière, et le Liban, plongé dans une crise économique profonde, cherchent à tourner la page des rancunes passées. Ahmed al-Charaa a insisté sur l’importance de « donner une chance » aux deux peuples de redéfinir leur coopération, basée sur le respect mutuel et la souveraineté. De son côté, Najib Mikati a souligné que la stabilité de la Syrie et celle du Liban sont étroitement liées, qualifiant la Syrie de « porte naturelle du Liban vers le monde arabe ».
Le récent changement politique au Liban a également ravivé les espoirs de stabilité régionale. Après plus de deux ans de vacance présidentielle, l’élection de Joseph Aoun à la présidence libanaise est perçue comme une opportunité pour relancer les dialogues bilatéraux. « Nous essaierons de résoudre tous les problèmes par la consultation et le dialogue », a déclaré al-Charaa, qui a également appelé à oublier « l’esprit des relations passées ».
Cependant, ces engagements ne se limitent pas aux discours. Mikati et al-Charaa ont convenu de prioriser plusieurs dossiers stratégiques, notamment la délimitation des frontières terrestres et maritimes. Ce problème, récurrent dans les relations syro-libanaises, a longtemps alimenté les tensions et servi de terrain fertile pour la contrebande. Des efforts conjoints pour lutter contre ce fléau sont, selon Mikati, essentiels pour renforcer la sécurité mutuelle.
Un autre dossier brûlant est la question des réfugiés syriens au Liban. Avec environ deux millions de réfugiés syriens ayant traversé la frontière pendant la guerre civile, la pression économique et sociale sur le Liban s’est intensifiée. Mikati a insisté sur le besoin urgent de trouver une solution durable et a salué la volonté affichée par al-Charaa de collaborer sur ce sujet sensible.
L’histoire entre la Syrie et le Liban n’a pas toujours été marquée par des relations de bon voisinage. Les décennies passées ont vu des interventions militaires, des assassinats politiques et des alliances mouvantes influencer la dynamique régionale. En dépit de ces différends anciens, cette rencontre à Damas reflète la volonté des deux pays d’adopter une nouvelle approche, axée sur le dialogue et la coopération.
Alors que la région reste sous l’œil attentif de la communauté internationale, ces développements pourraient, à terme, contribuer à une plus grande stabilité au Moyen-Orient. Mais la route vers des rapports bilatéraux totalement apaisés reste semée d’embûches, et seul l’avenir dira si ces engagements ambitieux pourront être tenus.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net