Dans un climat déjà tendu dans les camps de déplacés de Goma, au Nord-Kivu, une opération des forces de sécurité a permis de mettre la main sur dix-huit présumés criminels. Ces arrestations révèlent une nouvelle fois la complexité des défis sécuritaires dans cette région en proie à l’instabilité chronique.
Ce samedi 11 janvier 2025, au camp de Lushagala, situé dans le quartier Mugunga, le colonel Mokili Mungu-Akonkwa, en charge de la sécurité des camps, a présenté lesdits criminels au public. Parmi eux, des profils variés : un militaire et un policier déserteurs, des prétendus membres des Wazalendo, mais aussi des femmes prétendant être les épouses de militaires, utilisant ce statut pour mener des activités illégales en collaboration avec des bandits. Une enquête en cours devrait permettre de mieux comprendre l’étendue des réseaux criminels présents.
L’inventaire des saisies réalisées par les services de sécurité illustre la gravité de la situation. Deux armes à feu, des chargeurs garnis, 300 cartouches et divers vêtements militaires ont été récupérés. Ces équipements, souvent utilisés pour camoufler les actions des assaillants, avaient servi à perpétrer des crimes et à dissimuler leur identité au sein des camps de déplacés. Une stratégie que le maire de Goma a dénoncée comme un grave abus de confiance envers ces lieux censés offrir refuge et sécurité.
La situation dans ces camps demeure préoccupante. Les déplacés, fuyant déjà la violence des affrontements armés, se retrouvent à nouveau exposés à la menace d’individus profitant de leur précarité. Comment garantir la sécurité dans ces zones où se mêlent détresse humanitaire et criminalité opportuniste ?
Le colonel Mokili Mungu-Akonkwa et ses équipes affirment redoubler d’efforts pour éradiquer ces réseaux criminels. Toutefois, la persistance de telles menaces soulève des questions sur la nécessité d’un soutien accru des autorités nationales et internationales pour protéger les habitants du Nord-Kivu. Entre des camps transformés en refuges temporaires et des lieux où se tissent des réseaux de malfaiteurs, la ligne de démarcation semble souvent floue.
Au-delà des mesures immédiates, cette affaire rappelle l’urgence d’une politique sécuritaire plus globale qui englobe non seulement la désarmement des criminels, mais aussi la réhabilitation socio-économique des communautés touchées par des années de conflits. La stabilité dans ces camps, et bien au-delà, ne pourra être atteinte qu’en traitant à la racine les facteurs d’insécurité dans le Nord-Kivu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net