La tranquillité de la chefferie de Panduru, dans le territoire de Mahagi, Ituri, a laissé place à une insécurité endémique, alimentée par les exactions de la milice CODECO. En pleine saison des récoltes agricoles, une période cruciale pour ces communautés rurales, les habitants se trouvent dans l’impossibilité d’accéder à leurs champs. La raison ? La présence menaçante et omniprésente de ces miliciens, venus du territoire voisin de Djugu. La situation, dénoncée ce vendredi 3 janvier par la société civile territoriale, fait craindre pour la survie et la quiétude des populations locales.
Deogratias Udaga, le porte-parole de la société civile de Mahagi, n’a pas mâché ses mots. Il appelle des actions militaires d’envergure pour mettre fin à l’anarchie imposée par les milices. Selon lui, la situation est particulièrement critique sur les zones frontalières entre la chefferie de Panduru et celle de Walendu Watsi, où les miliciens établis du côté de Katanga sèment terreur et désolation. Les localités de Yagu, Pamone, Alii, Ahuu, Ambé, Rimba et bien d’autres sont devenues des théâtres de violences et de pillages incessants. Les habitants, terrorisés, désertent ces lieux autrefois dynamiques, abandonnant leurs foyers et leurs champs.
Un constat amer résonne dans les propos d’Udaga : « Sinon, CODECO veut dire Coopérative pour le développement du Congo. Et donc, pour développer, il faut massacrer, il faut violer, il faut voler, il faut piller ? ». Cette question, aussi poignante que tragique, illustre le désespoir des populations dépossédées de leurs moyens de subsistance par ceux-là mêmes qui se revendiquent du « développement ».
La récolte, synonyme d’espoir pour les familles agricoles, est cette année compromise par cette insécurité galopante. Au-delà des conséquences économiques immédiates, cette situation pose une problématique de fond sur la sécurisation des zones rurales en RDC. Alors que l’Ituri continue d’être secouée par des conflits récurrents, beaucoup interpellent les autorités congolaises sur l’urgence d’une intervention efficace et soutenue.
La situation dans le territoire de Mahagi n’est pas un cas isolé mais s’inscrit dans un contexte plus large de crise sécuritaire en RDC. Ces communautés, fragilisées, méritent une attention particulière pour éviter une crise humanitaire de grande ampleur. Les appels à l’aide de la société civile ne peuvent rester sans réponse. Combien de temps avant que des mesures concrètes soient prises pour restaurer la paix ? La République démocratique du Congo ne peut se permettre d’ignorer la voix de ses citoyens meurtris.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net