Ahmed al-Charaa, figure centrale en Syrie à la tête d’Hayat Tahrir al-Cham (HTC), a marqué les esprits par des déclarations poignantes sur l’avenir politique du pays. Lors d’une récente interview avec la chaîne saoudienne al-Arabiya, il a évoqué la nécessité d’une période de trois ans pour rédiger une nouvelle constitution, et d’une durée pouvant aller jusqu’à quatre ans pour organiser des élections. Cette perspective, selon lui, résulte de la complexité inherente à reconstruire un État après cinq décennies de règne dictatorial marqué par la dynastie al-Assad et plus de dix années de guerre civile.
Al-Charaa a souligné l’importance d’un recensement exhaustif de la population avant tout scrutin, condition sine qua non pour garantir une élection légitime et reconnue. Ces annonces interviennent dans un contexte où la Syrie demeure fragilisée par ses infrastructures dévastées, tandis que les forces en présence cherchent à initier un dialogue politique. Le haut dirigeant syrien a également précisé qu’il continuerait à gouverner jusqu’au 1er mars prochain, date fixée pour une table ronde entre les différentes factions syriennes. L’objectif étant de déterminer l’avenir politique du pays et de mettre en place un gouvernement de transition qui réunifiera les territoires divisés.
Un fait marquant dans le débat politique actuel est la projection d’Al-Charaa de dissoudre le HTC, groupe longtemps dominant dans le nord-ouest de la Syrie, afin de laisser place à une structure unifiée. « Nous voulons que la constitution qui émergera dure le plus longtemps possible », a-t-il affirmé. Le chef de HTC a aussi abordé les liens de la Syrie avec ses alliés traditionnels, exprimant son espoir de maintenir des relations stratégiques avec la Russie malgré ses critiques à l’encontre de l’Iran.
En parallèle, la situation en Syrie reste tendue sur le plan militaire. Une frappe aérienne présumée israélienne a touché la banlieue de Damas ce dimanche, tuant onze personnes selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Cette attaque aurait ciblé un dépôt d’armes des forces liées à Bachar al-Assad. Israël, bien qu’accusé régulièrement de telles opérations visant des sites militaires, n’a fait aucune déclaration à ce sujet.
Les défis sont nombreux pour la Syrie, située à un carrefour géopolitique crucial. Al-Charaa espère trouver un terrain d’entente avec les principales factions opposées, y compris les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par Washington et les rebelles appuyés par la Turquie. Mais alors que des pourparlers entre les Kurdes et d’autres factions se poursuivent, il est clair que la recherche de solutions durables reposera sur des compromis complexes. La reconstruction, tant physique que politique, de la Syrie après sa guerre dévastatrice soulève une question majeure : le pays peut-il vraiment retrouver la stabilité et une place forte sur la scène internationale ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net