Les régions de Beni et Lubero, dans la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, ont vécu un réveillon de la Saint-Sylvestre marqué par une détresse palpable et une psychose généralisée. Les populations locales, prises au piège par les violences incessantes des groupes rebelles ADF et M23, se retrouvent plongées dans une spirale d’insécurité qui ne semble pas faiblir.
Le 1er janvier 2025, premier jour de l’an, des centaines de familles ont quitté précipitamment leurs villages dans le secteur des Bapere, territoire de Lubero. Selon Samuel Kagheni, président de la société civile locale, ce nouvel exode est la conséquence directe de la tuerie de civils perpétrée la veille du Nouvel An sur l’axe Butemebo-Mangurejipa par des éléments des ADF. Les agglomérations de Byambwe, Nziapanda et Itendi ne sont désormais plus que des ombres de ce qu’elles étaient, désertées par leurs habitants en quête de sécurité.
« Nous comptons déjà plus de 650 compatriotes tués dans notre secteur en raison des atrocités commises par les ADF. Même aujourd’hui, jour de la fête du Nouvel An, nous assistons à un déplacement massif de la population vers des zones jugées plus sécurisées », déclare Samuel Kagheni. Cette hémorragie humaine met en lumière l’échec des mécanismes de protection et de sécurité dans cette région de l’Est du pays. Samuel Kagheni interpelle les autorités congolaises, les exhortant à tirer les leçons des erreurs passées et à œuvrer pour que 2025 devienne, enfin, une année de répit et de renaissance:
« Nous voulons que cette nouvelle année soit une année de paix, car la paix est le socle de tout développement.» Une ambition légitime pour ces populations, dont la résilience est mise à rude épreuve par les incessants affronts de l’instabilité.
La situation ne semble guère plus reluisante dans le territoire voisin de Beni. Les localités situées autour d’Oicha, chef-lieu du territoire, ont été prises pour cibles par les ADF durant les jours précédant la fête de la Saint-Sylvestre. Dans la nuit de dimanche à lundi, la localité de Matombo a été le théâtre d’un carnage où sept vies ont été brutalement fauchées. À peine 24 heures plus tard, c’est le village de Kekelibo qui succombait à une nouvelle attaque, forçant d’autres villageois à fuir leurs maisons en quête de refuge.
Ces déplacements de populations, poussé par une peur dévorante, illustrent l’urgence d’une action vigoureuse pour restaurer la sécurité et offrir une lueur d’espoir aux habitants de cette région en constante effervescence. Alors que la communauté internationale observe la République Démocratique du Congo à travers le prisme de ses immenses défis, l’appel au secours des populations du Nord-Kivu ne peut rester sans écho. Combien de temps encore ce cycle de violence et d’exode devra-t-il se répéter avant qu’une réponse effective ne vienne changer le cours des choses? Voici l’une des nombreuses questions qui planent sur la nouvelle année de ces Congolais laissés à leur sort.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net