La région d’Irumu, en Ituri, est à nouveau le théâtre de douloureux affrontements et exactions perpétrés par des groupes armés. Pendant la période des fêtes de fin d’année, les miliciens de la Force patriotique et intégrationniste du Congo (FPIC) et de la Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) ont intensifié leurs attaques contre la population locale, malgré la signature récente d’un acte d’engagement pour la cessation des hostilités par leurs leaders.
Les habitants d’Irumu vivent dans un climat de terreur permanent. Entre extorsions, vols de bétails et arrestations arbitraires, ces bandes armées n’épargnent personne. Certaines de leurs victimes ont même été contraintes de quitter les villages qu’elles avaient regagnés après la guerre pour se réfugier à nouveau ailleurs. Sur l’axe Marabo-Komanda, des miliciens de la FPIC ont érigé des barrières, rançonnant les usagers de la route. Les autorités locales dénoncent ces pratiques, affirmant que ces hommes armés vont jusqu’à usurper les fonctions d’officiers de police judiciaire et traitent eux-mêmes des dossiers de droit commun, tout en exigeant des amendes exorbitantes pour libérer leurs captifs.
L’administrateur du territoire d’Irumu, le colonel Siro Simba, est monté au créneau. Il accuse ces miliciens de déstabiliser plusieurs groupements, tels que Bayana et Ngombenyama, forçant des familles entières à l’exode. Il exhorte la FPIC à respecter l’acte d’engagement signé et avertit que ceux qui persisteront dans ces activités criminelles devront répondre devant la justice. Avec des messages similaires, il interpelle également les miliciens de la FRPI, notamment dans les chefferies de Bahema Sud, Bahema Mitego et Mobala, où les vols de bétails se multiplient.
Dans ce contexte tendu, l’administrateur territorial appelle à attendre le lancement du programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (P-DDRCS), ainsi que le recrutement pour la nouvelle Réserve armée pour la défense de la République (RAD). Ces initiatives, prévues pour consolider la paix, tardent cependant à se matérialiser, laissant un vide exploité par les groupes armés.
L’Ituri, déjà longtemps meurtri par des cycles de violences incessantes, semble ici replonger dans un chaos sans fin. Quelles initiatives concrètes l’État peut-il encore entreprendre pour ramener la sécurité et la stabilité dans cette province ? La population, en désespoir de cause, attend des actions fortes pour enrayer cette spirale de violences et rétablir, ne serait-ce qu’un semblant de normalité. En attendant, les habitants d’Irumu continuent de payer les frais d’une paix qui, pour eux, semble encore lointaine.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net