Le Conseil de sécurité de l’ONU a une fois de plus prolongé le mandat de la MONUSCO, à la veille d’une année cruciale pour la République démocratique du Congo. Pourtant, au-delà de cette décision, c’est une occasion manquée qui résonne aux oreilles de Kinshasa. La nouvelle résolution, adoptée à l’unanimité le 20 décembre, prolonge l’opération jusqu’en décembre 2025, mais ses termes restent loin des attentes du gouvernement congolais.
Pourquoi une telle frustration? D’abord, parce que Kinshasa espérait un signal positif sur plusieurs fronts. Les autorités congolaises plaidaient pour une posture plus ferme face à des crises sécuritaires devenues insoutenables, notamment dans les provinces de l’Est confrontées à la rébellion du M23. Était-il trop demander à une institution aussi influente que l’ONU une condamnation explicite des violations transfrontalières? Dans cette résolution, même la question des présences armées étrangères – incluant un contingent de 4 000 soldats rwandais – reste évoquée de manière prudente. Le Rwanda, désigné indirectement par des expressions telles que ‘forces extérieures d’un État voisin’, passe entre les mailles.
Pour la RDC, la priorité de l’heure consiste également à assurer une meilleure synergie entre la MONUSCO et des initiatives régionales comme la SAMIDRC. On parle de transferts technologiques, logistiques et militaires. Mais faut-il voir dans la discrétion diplomatique de l’ONU un aveu de paralysie ou de désintérêt face à cette demande congolais? En tout cas, les États-Unis, traditionnellement alliés de Kinshasa sur ces questions, n’ont pas hésité à exprimer leur déception, qualifiant le texte d’usage « d’euphémismes problématiques » qui diluent l’impact des engagements.
Pourtant, ce nouveau tournant dans la relation entre Kinshasa et l’ONU n’est pas dénué d’éléments positifs. La résolution exige du mouvement rebelle M23 la stricte application du cessez-le-feu signé dans le cadre des processus de Luanda. Le Conseil a également réitéré son soutien à l’intégrité territoriale de la RDC, point sensible sur lequel les sensibilités restent exacerbées.
Il reste à savoir quel impact concret cette décision pourra avoir sur le terrain de la RDC. Avec plus de 250 groupes armés encore actifs à ce jour, le défi de la stabilisation semble définitivement poser davantage de questions que de donner de réponses évidentes. La MONUSCO, malgré sa prorogation, devra naviguer entre attentes grandissantes et doutes croissants quant à son efficacité en six ans de mission. Aux autorités congolaises et à chaque acteur régional impliqué de mesurer la marge de manœuvre dans cet océan d’incertitudes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd