La controverse enfle au Sud-Kivu suite à la libération et à l’extradition inexpliquée de quatorze ressortissants chinois arrêtés pour exploitation illégale de minerais dans le territoire de Walungu. Jean-Jacques Purusi, gouverneur provincial, a exprimé son indignation lors d’une conférence de presse tenue dans la nuit du 24 décembre 2024. Cet événement met en lumière les failles dans la coordination entre les autorités provinciales et nationales, ainsi que les enjeux liés à l’exploitation minière en République Démocratique du Congo (RDC).
Le gouverneur a fustigé ce qu’il qualifie d’opération « inacceptable ». Selon lui, ces individus arrêtés devaient faire face à une amende de 10 millions USD, conforme aux dispositions du Code minier. Il a dénoncé l’absence totale de communication avec la Direction Générale de Migration (DGM), qui a orchestré l’extradition des Chinois sans informer l’administration provinciale. « Nous avions discuté en conseil de sécurité de leur maintien en détention. Pourtant, j’apprends leur départ par un informateur à Kinshasa. Cela constitue une grave perte pour la province et un affront à la souveraineté locale », a martelé Jean-Jacques Purusi.
Le transfert des quatorze Chinois, qui ont transité par le Rwanda avant de rejoindre la Chine, pose plusieurs questions essentielles. Pourquoi une procédure aussi rapide et discrète ? Quels intérêts nationaux ou internationaux ont pu justifier cette action, qui met à mal l’autorité des gouvernements locaux ? Ces zones d’ombre nourrissent les soupçons autour de pratiques que le gouverneur n’hésite pas à qualifier de « mafieuses ».
En parallèle, Bernard Muhindo, ministre provincial des Finances et de l’Économie, a assuré que trois des dix-sept Chinois interpellés sont toujours sous contrôle des autorités provinciales. « Ce sont les superviseurs des quatorze extradés. Nous continuons également à traquer d’autres personnes impliquées dans l’exploitation illégale sur les sites miniers du territoire », a-t-il précisé. Cette traque reflète la volonté des autorités locales de s’attaquer aux violations des lois minières.
Cet incident, survenu après l’arrestation le 20 décembre 2024 d’une délégation composée de Chinois, de Congolais et d’un ressortissant burundais pour exploitation illicite, illustre une problématique globale : la lutte pour la régulation du secteur minier en RDC, essentielle pour préserver les ressources naturelles et garantir des revenus équitables aux provinces. La gestion opaque de ce dossier par la DGM sème le doute sur les mécanismes de gouvernance et nécessite une clarification pour restaurer la confiance entre les différentes instances.
Cette affaire, au-delà des faits locaux, s’inscrit dans un contexte plus large sur la rationalisation des richesses naturelles en République Démocratique du Congo, prisée par les acteurs mondiaux. Elle invite à une réflexion sur la coopération entre autorités nationales et locales pour faire respecter un cadre législatif qui profite avant tout au peuple. Suivez les développements sur congoquotidien.com pour ne rien manquer de l’actualité en RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd