Depuis l’instauration de l’état de siège en 2021 en Ituri, cinq communautés locales – Nyali, Hema, Ndo, Mambisa et Alur – clament leur désillusion face à des résultats qu’elles jugent alarmants. Celles-ci dénoncent l’absence notable de progrès dans la lutte contre les groupes armés et soulignent, dans une déclaration relayée par Vital Tungulo, leur porte-parole, que « tant que les miliciens continueront à tuer sans être inquiétés, il sera impossible de parler de paix ».
Malgré des déclarations optimistes émises récemment par le gouverneur militaire de la province, qui qualifie le bilan sécuritaire de positif, ces communautés interpellent l’opinion publique avec des questions essentielles : « Combien de groupes armés ont été neutralisés ? Combien de miliciens ont déposé les armes ? Quel est le nombre de déplacés ayant retrouvé leurs villages ? » Ces interrogations, loin d’être anodines, mettent en lumière la dissonance apparente entre les réalités locales et les discours officiels.
Depuis bientôt trois ans, l’état de siège – une mesure exceptionnelle décidée au plus haut sommet de l’État pour ramener la paix – n’a, selon ces communautés, apporté que peu de résultats tangibles. Les milices continuent de semer la terreur, contrôlant des territoires riches en ressources minières et perpétuant des violences contre des civils innocents. Ce contrôle quasi-impuni des zones aurifères par ces groupes armés n’est pas une simple question locale; il interroge sur les mécanismes de gouvernance et sur les moyens d’imposer l’autorité de l’État.
Vital Tungulo a ainsi insisté sur les devoirs de l’état de siège : « Il revient à cette mesure d’imposer la paix et de contraindre les milices au désarmement. Tant qu’aucune action concrète ne sera menée dans ce sens, la situation demeurera figée dans une spirale de violence. » La persistance de sites de déplacés dans des conditions souvent précaires est un autre indicateur du statu quo préoccupant.
Alors que l’état de siège s’éternise, les populations locales de l’Ituri exhortent les autorités à poser des actes concrets pour garantir leur sécurité. Les attentes sont nombreuses à l’approche de 2024, mais elles demeurent suspendues à la capacité des autorités provinciales et nationales de traduire les promesses en actions véritables. La communauté nationale et internationale observe attentivement ces développements dans une région clé de la République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net