Les communautés Nyali, Hema, Ndo, Mambisa et Alur tirent la sonnette d’alarme sur la situation sécuritaire dans la province de l’Ituri, en République démocratique du Congo. Depuis l’instauration de l’état de siège en 2021 par le Chef de l’Etat, destiné à ramener la paix, elles dénoncent une absence de résultats concrets. D’après elles, aucun groupe armé n’a été neutralisé et aucun site hébergeant les déplacés n’a été fermé, prouvant, selon leurs dires, l’inefficacité de cette mesure exceptionnelle.
Ces déclarations viennent contredire les récentes affirmations du gouverneur militaire de l’Ituri, qui annonçait un bilan annuel positif sur la sécurité en 2024. Ce discours, jugé déconnecté de la réalité par les porte-paroles des communautés locales, soulève de nombreuses interrogations. Vital Tungulo, l’un des représentants vocaux de ces populations, n’hésite pas à poser des questions directes et incisives : « Combien de groupes armés ont été neutralisés ? Combien de miliciens ont déposé les armes ? Combien de déplacés sont rentrés chez eux, et combien de sites de déplacés ont été vidés ? ».
Selon lui, ces indicateurs sont essentiels pour évaluer un réel progrès en matière de sécurité. Mais pour l’heure, la situation reste préoccupante. « Tant que les miliciens conserveront leurs armes, tant qu’ils contrôleront des territoires riches en ressources comme l’or, et tant qu’ils continueront à tuer sans inquiétude, il sera impossible de parler de paix », poursuit Vital Tungulo. Ces critiques pointent également la persistance de groupes rebelles comme CODECO, qui maintiennent leur emprise sur certaines régions malgré l’état de siège.
Ces revendications soulignent également l’impact humain de ce climat d’insécurité. Des milliers de déplacés continuent de vivre dans des conditions précaires, incapables de retourner chez eux. Les communautés affectées appellent à une révision stratégique : une véritable pression sur les groupes armés et un soutien accru aux populations civiles sont nécessaires pour sécuriser l’Ituri durablement.
La situation en Ituri est un test majeur pour les autorités congolaises, dont les efforts pour rétablir la paix semblent largement insuffisants selon ses habitants. Ce contexte met également en lumière les défis plus larges de la région : exploitation illégale des ressources naturelles, conflits intercommunautaires et pouvoirs résiduels des groupes armés. Une question demeure : l’état de siège peut-il, à lui seul, ramener la stabilité dans une région meurtrie depuis des années ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net