Dans un contexte déjà tendu dans la région des Grands Lacs, la récente déclaration de Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni et chef des forces de défense des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), a fait l’effet d’une bombe. Via des messages publiés sur le réseau social X—puis rapidement supprimés—Kainerugaba a directement menacé les « mercenaires blancs » opérant aux côtés des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans l’Est de la RDC. Il a déclaré : « Je vais donner un seul avertissement à tous les mercenaires blancs opérant dans l’est de la RDC. À partir du 2 janvier 2025, nous attaquerons tous les mercenaires dans notre zone d’opérations. » Une déclaration qui a immédiatement attiré l’attention des autorités congolaises.
Face à ces propos jugés « déplacés », la ministre d’État des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, a convoqué ce mercredi 18 décembre Matata Twaha, le chargé d’affaires de l’Ouganda en RDC, pour obtenir des éclaircissements. Après cette rencontre, Matata Twaha a déclaré à la presse avoir pris note des préoccupations exprimées par la ministre, ajoutant qu’elles seraient communiquées officiellement à son gouvernement. Ce développement souligne la montée des tensions diplomatiques entre les deux nations africaines, malgré leur coopération militaire actuelle.
Dans une autre sortie remarquée sur la plateforme X, Muhoozi Kainerugaba a annoncé son intention de se rendre à Kinshasa pour rencontrer le président congolais Félix Tshisekedi. Cette annonce intervient alors que l’Ouganda collabore avec les FARDC dans le cadre de l' »Opération Shujaa » visant à neutraliser les rebelles des ADF dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cependant, ces efforts conjoints n’ont pas suffi à lever les soupçons entourant le rôle controversé de l’armée ougandaise. Un récent rapport des Nations Unies accuse en effet l’armée ougandaise de collaborer avec les rebelles du M23, ajoutant une couche de complexité à la crise en RDC.
De son côté, Matata Twaha s’est volontairement abstenu de commenter les tensions entre Kinshasa et Kigali, rappelant que ces dossiers relèvent des instances diplomatiques de haut niveau. Paul Kagame, président du Rwanda, a en effet décliné sa participation à la réunion tripartite de Luanda prévue le 15 décembre dernier en Angola, accentuant le malaise dans une région déjà en proie à de multiples conflits.
La gestion de la sécurité en RDC reste un défi majeur, alors que les enjeux régionaux continuent de se complexifier. Les propos de Kainerugaba, bien que rapidement supprimés, mettent en lumière les fragilités d’une coopération militaire pourtant essentielle dans la lutte contre les groupes armés de l’est congolais. Cette situation délicate exige une vigilance accrue des deux parties ainsi qu’une médiation internationale pour éviter une dégradation supplémentaire des relations diplomatiques.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd