En République Démocratique du Congo, le Sud-Kivu continue d’être marqué par les cicatrices profondes des violences commises depuis trois décennies. Un rapport de recherche documentaire, dévoilé le lundi 16 décembre à Kinshasa, met en lumière pas moins de 191 incidents identifiés comme des crimes graves, ayant lourdement impacté la population civile de cette province. Ce document, fruit du travail du Groupe de travail sur la justice transitionnelle au Sud-Kivu, a été remis au Fonds national des réparations des victimes (FONAREV).
Le rapport n’accuse pas exclusivement un seul acteur. Selon Raphaël Wakenge Ngimbi, coordinateur d’Initiative congolaise pour la justice et la paix, « 60% des crimes répertoriés sont attribués à des groupes armés non étatiques, tandis que 12% impliquent les services de sécurité étatiques. Pire encore, 12% des violations sont le fait conjoint de ces deux entités. » Les territoires de Kalehe et Mwenga comptent à eux seuls pour près de la moitié des cas enregistrés.
Sur le terrain, la quête de justice semble encore relever du mirage pour les victimes. Une large majorité de ces infractions n’a toujours pas connu de procès. Dans de nombreux cas, les plaintes déposées n’aboutissent à aucune procédure judiciaire. Cette inertie judiciaire met en exergue l’urgence d’une justice transitionnelle efficace, comme le souligne le rapport, qui appelle aussi bien à des mécanismes judiciaires qu’à ceux dits non judiciaires.
Les organisations de la société civile, les partenaires internationaux comme Trial International et l’Ambassade britannique en RDC, ainsi que les autorités nationales sont interpellés d’un commun accord. Leur mission : s’emparer des données de ce rapport pour initier des enquêtes judiciaires approfondies et garantir un soutien en faveur des victimes et des témoins de ces crimes de masse.
Alors que la RDC s’efforce tant bien que mal de tourner la page des violences passées, ce cri d’alarme adressé à la communauté nationale et internationale rappelle avec force que des millions de Congolais vivent encore avec le poids d’une justice qui tarde à venir. Est-il enfin temps d’offrir aux victimes une réparation digne de ce nom ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net