La région du Kongo-Central est actuellement sous le choc après la révocation, vendredi 13 décembre, de Constant Mamvidila Ndomanuel, ministre provincial de l’Intérieur, de la Sécurité, du Territoire et des Affaires coutumières. Ce dernier a été démis de ses fonctions à la suite d’accusations de violations graves des droits humains. Une vidéo glaçante, devenue virale sur les réseaux sociaux, le montre ordonnant l’humiliation publique d’un père de famille, fouetté devant une foule médusée dans le village de Kilawu, territoire de Mbanza-Ngungu.
C’est dans un climat d’indignation générale que l’assemblée provinciale du Kongo-Central a condamné ces actes d’une rare violence, jugés inacceptables pour une autorité publique. En réponse à ces faits, le gouverneur de la province a pris un arrêté sans appel, destituant Constant Mamvidila de son poste. Cette décision intervient après une plénière au cours de laquelle l’assemblée a exhorté le gouverneur à agir face à ce qui est qualifié de « traitement inhumain et dégradant », une atteinte manifeste aux droits fondamentaux des citoyens.
Cependant, cette affaire dépasse les simples contours du fait divers. Au cœur de la tourmente se trouve un enjeu complexe lié à la gestion des terres dans la province. La victime des actes de violence était en effet accusée de vente illicite d’hectares de terres à des acheteurs suspects venus de l’est de la République Démocratique du Congo. Un problème qui a conduit l’assemblée provinciale à prendre des mesures draconiennes : un moratoire sur la vente des terres dans toute la province a été adopté séance tenante.
Introduit par le député provincial Atou Matubuana, ce moratoire est une réponse directe aux préoccupations alarmantes des populations concernant la spoliation et la gestion souvent douteuse des propriétés foncières. Papy Mantezolo, président de l’assemblée provinciale, a souligné que cette décision vise à protéger le patrimoine foncier du Kongo-Central, un bien commun de grande valeur, face à des pratiques qui menacent sa pérennité.
Ces événements soulèvent de nombreuses questions sur la gouvernance locale et la réalité des droits humains dans certaines régions de République Démocratique du Congo. Quelle crédibilité peut-on accorder aux dirigeants locaux lorsqu’ils s’impliquent eux-mêmes dans des abus de pouvoir aussi flagrants ? Les nouvelles mesures sur la gestion foncière parviendront-elles à restaurer la confiance des habitants ? Autant d’interrogations qui interpellent, bien au-delà des frontières du Kongo-Central, sur les défis démocratiques que la RDC doit relever.
Dans le contexte actuel, où les réseaux sociaux jouent un rôle croissant dans l’exposition de tels abus, cet événement rappelle la nécessité d’une vigilance accrue de la société civile et d’organes de contrôle indépendants. Les médias congolais auront également un rôle clé à jouer pour documenter et dénoncer sans relâche ces abus, contribuant ainsi à préserver les droits des citoyens et à renforcer l’État de droit dans le pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net