Dans un rapport choc publié ce mercredi 11 décembre 2024, Amnesty International interpelle une fois de plus sur la responsabilité présumée de l’armée congolaise dans le massacre de Goma, survenu le 30 août 2023. L’ONG évoque des « possibles crimes contre l’humanité » perpétrés lors de cette tragédie qui a coûté la vie à au moins 56 manifestants, membres du groupe Foi naturelle messianique judaïque pour les Nations (FNMJN), connu sous le nom de « Wazalendo ». Une trentaine d’autres ont été blessés, une situation qui continue de susciter une vive inquiétude quant à la responsabilité des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Baptisé « Opération Keba », ce massacre aurait vu les forces de sécurité ouvrir le feu sur des manifestants protestant contre la présence continue de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dans cette région marquée par l’insécurité. Trois officiers de l’armée congolaise, parmi lesquels l’ex-gouverneur militaire du Nord-Kivu Constant Ndima Kongba, ont été pointés du doigt dans ce rapport et devraient, selon Amnesty International, faire l’objet d’enquêtes approfondies.
En réponse, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya a souligné que des actions avaient été entreprises bien avant la publication de ce rapport. Il a affirmé qu’un procès en flagrance avait permis de juger six militaires de la Garde républicaine, et que des condamnations avaient été prononcées. « Contrairement à Amnesty International qui revient un an après, nous avons agi promptement. Des missions gouvernementales menées par Jean-Pierre Bemba et deux membres du gouvernement ont enquêté sur place, ce qui a conduit à des travaux judiciaires en cours », a-t-il précisé.
Muyaya s’est aussi montré critique envers Amnesty, en leur demandant de transmettre tout élément de preuve supplémentaire qu’ils auraient contre les officiers incriminés tels que le général Ndima Constant. Il a également insisté sur la nécessité de s’en remettre aux institutions judiciaires congolaises. Cependant, les conclusions du rapport relancent un débat de fond : celui de l’impunité présumée des hauts responsables militaires en RDC.
Alors que le Nord-Kivu est en proie à une crise sécuritaire exacerbée depuis plusieurs années, cet événement met en lumière les défis liés à l’équilibre fragile entre sécurité et respect des droits humains dans un pays marqué par des épisodes de violence fréquents. Ce massacre représente plus qu’une tragédie locale ; il révèle une situation critique explosive sur la gouvernance et les responsabilités des forces de l’ordre en République démocratique du Congo.
Pour de nombreux observateurs, cette affaire pourrait avoir des répercussions majeures, tant au niveau national qu’international, notamment si des enquêtes approfondies sont ouvertes en réponse aux accusations d’Amnesty International. Cela soulève ainsi des questions fondamentales : comment assurer la stabilité et la sécurité sans compromettre les droits fondamentaux des citoyens ? Et que fait réellement le gouvernement pour garantir la justice et redonner confiance à sa population ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd