Dans le quartier Mambango de la ville de Beni, située dans la province du Nord-Kivu, les habitants sont à bout de souffle. Des accusations graves sont portées contre les militaires des Forces armées de la RDC (FARDC), qui seraient à l’origine de tracasseries, d’intimidations et de vols dans les champs des civils. Pourquoi des hommes en uniforme, censés protéger les populations, se retrouvent-ils au cœur de telles allégations ?
Jean-Baptiste Kamabale Risasi, chef de ce quartier, a décidé de briser le silence le jeudi 12 décembre. Selon lui, ces actes des militaires, logés dans le camp de Mambango, érodent dangereusement la confiance entre civils et forces armées. Ces militaires sont accusés de dépouiller les agriculteurs qui se rendent dans leurs champs, leur ravissant des produits champêtres et même leurs téléphones. « La population n’a pas toute la liberté d’aller aux champs. Chaque passage d’un agriculteur devient une opportunité pour ces militaires de s’approprier ce qu’ils ramènent », déplore Kamabale Risasi.
Ces méfaits seraient en partie dus à une insuffisance de ration des militaires, selon l’autorité locale. « Lorsqu’on gère des militaires sans leur donner à manger, c’est un problème », poursuit-il. Certains patrouilleurs auraient même causé des troubles dans le quartier en début de semaine, sous prétexte de chercher de l’argent pour préparer les fêtes de fin d’année. Kamabale pointe également l’absence de « mariage civilo-militaire » à Mambango, notant une méfiance profondément enracinée.
Malgré ces dénonciations, aucune mesure sérieuse n’a été prise pour remédier à la situation, souligne le chef du quartier. Les autorités militaires et politiques, informées de ces abus, semblent inertes pour le moment. Le colonel Teddy Mpoyi, chargé du service d’Éducation civique et patriotique de l’armée à Beni, affirme être au courant de ces incidents. Il promet d’organiser des séances de sensibilisation pour adresser ces problématiques et tente de rétablir un climat de confiance entre civils et militaires. Cependant, pour les habitants de Mambango, les promesses seules ne suffisent plus.
Ce déséquilibre, marqué par des extorsions récurrentes et une défiance croissante, pose une question cruciale : comment rétablir un lien de confiance entre une population en quête de sécurité et une armée en difficulté ? La réponse à cette interrogation pourrait déterminer l’avenir de la paix et de la stabilité dans cette région cruciale.
Cette affaire, qui reflète une dynamique complexe entre civils et militaires, illustre également les défis plus larges auxquels la République Démocratique du Congo est confrontée en matière de gouvernance et de sécurité. Ce type de crise met aussi en lumière les conditions de vie souvent précaires des forces armées, un problème susceptible de nourrir à terme des tensions sociales encore plus importantes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
