À Irumu, une constatation alarmante met en lumière les défis auxquels sont confrontés les magistrats. La procureure générale près la Cour d’appel de l’Ituri, Eudoxie Maswama, a dévoilé jeudi 5 décembre des conditions de travail qu’elle qualifie de précaires, lors d’une mission d’inspection judiciaire menée avec le soutien de la MONUSCO. Dans un territoire marqué par une histoire complexe et des tensions récurrentes, ces professions essentielles à l’établissement d’un état de droit vivent une réalité décourageante, souvent ignorée.
« Le constat n’était pas bon, » déclare la procureure, évoquant un local exigu où travaillent difficilement deux magistrats. Les conditions rendent même des procédures essentielles comme les confrontations pratiquement impossibles. Ce cadre de travail inadéquat non seulement limite l’efficacité des magistrats, mais risque également de compromettre leur indépendance et leur impartialité, des valeurs fondamentales pour un système judiciaire fonctionnel. Comment peut-on aspirer à rendre justice dans une région où les infrastructures de base manquent cruellement ?
Madame Maswama reste cependant admirative face à l’engagement des magistrats malgré ces obstacles. Leur détermination inspire le respect et renforce l’idée que des actions concrètes doivent être entreprises pour leur venir en aide. À cet égard, la procureure lance un appel pressant à l’attention des autorités compétentes et des partenaires internationaux. L’amélioration des conditions socio-professionnelles des juges d’Irumu ne devrait pas seulement être un objectif moral, mais une priorité stratégique. L’appui apporté par la MONUSCO à cette mission souligne l’importance d’efforts conjoints pour assister le secteur judiciaire dans ces régions éloignées.
Au-delà du problème localisé à Irumu, cette situation reflète des enjeux plus vastes concernant les infrastructures et les ressources allouées à la justice en République Démocratique du Congo. Les magistrats d’Irumu ne sont probablement pas seuls dans cette précarité. La crise en RDC s’inscrit sur plusieurs plans, et celle qui affecte le système judiciaire est l’une des plus critiques. La MONUSCO et d’autres partenaires internationaux peuvent jouer un rôle décisif, mais rien ne remplacera une volonté ferme des autorités nationales de transformer la réalité de leurs citoyens.
Alors que les professionnels de la justice continuent de travailler dans des conditions qui, ailleurs, apparaîtraient inadmissibles, une interrogation s’impose : combien de temps encore ces hommes et ces femmes dévoués pourront-ils tenir ? Et qu’adviendra-t-il de la quête d’équité si leur endurance atteint ses limites ? Une réponse rapide semble nécessaire, non seulement pour ces magistrats, mais aussi pour l’ensemble de la population qui dépend de leur capacité à dire le droit.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net