Depuis près d’une semaine, la région de Lubero, dans le Nord-Kivu, est le théâtre d’intenses combats entre l’armée congolaise soutenue par les wazalendo – ces groupes d’autodéfense locaux – et les rebelles du M23 appuyés par Kigali. Ce jeudi 5 décembre marque le cinquième jour de violences, concentrées principalement sur l’axe stratégique Kirumba-Kaseghe. Ce front unique fait suite à une journée de mercredi marquée par des affrontements dispersés sur plusieurs localités : Kaseghe, Katwa, Kikuvo, Luofu, et Miriki, encerclant Kirumba, un centre commercial névralgique.
Les habitants de Kirumba, pour la première fois, ont été témoins directs des tirs d’armes lourdes venant de Kaseghe, à seulement deux heures de marche. Ce bruit inquiétant a plongé la localité dans un état de paralysie totale : boutiques fermées, activités suspendues, et habitants cloîtrés chez eux, craignant pour leur sécurité. « C’est une première pour nous d’entendre ici des tirs à l’arme lourde », témoigne un habitant, renforçant la perception d’un conflit qui se rapproche dangereusement de leur quotidien.
Selon des sources locales, les FARDC (Forces armées de la RDC) mènent des offensives ciblées, notamment à Matembe et Mighombe, tout en encerclant les rebelles à Kaseghe. En retour, le M23 riposte en lançant des bombes depuis Kirumba sur des positions à Kaseghe et Katwa. « Cette démarche témoigne de leur perte de contrôle sur certaines positions, car ils ne peuvent larguer des bombes sur leurs propres territoires », ajoute un autre résident.
Les tensions augmentent alors que des renforts rebelles seraient arrivés. Un habitant raconte avoir vu trois camions pleins de combattants se diriger vers Mighombe-Kaseghe, craignant ainsi une intensification des hostilités. Les conséquences humanitaires commencent par ailleurs à se faire sentir. Mercredi, deux élèves ont été touchés par des balles perdues provenant des lignes de front. L’un d’eux, atteint à la tête, a succombé à ses blessures. Ces tragédies illustrent le climat délétère et l’impact direct du conflit sur les civils.
Alors que l’armée congolaise et les wazalendo poursuivent leur offensive, la population locale reste prisonnière d’une spirale de violence qui perturbe le quotidien et sème la peur. La situation à Kirumba, couplée à ces nouveaux fronts, reflète les défis majeurs de sécurité en République Démocratique du Congo. Comment cette guerre peut-elle encore se prolonger, au détriment des innocents et de la stabilité régionale ? Les appels à un soutien international renforcé se multiplient, tandis que les projecteurs demeurent braqués sur les affrontements en cours.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd