Dans une décision historique, la Cour d’appel de Bruxelles a condamné l’État belge pour crimes contre l’humanité, en lien avec des actes commis durant la colonisation du Congo belge. Ce verdict découle de l’action en justice menée par cinq femmes métisses, nées entre 1948 et 1952, qui avaient été arrachées à leurs mères congolaises et placées dans des institutions religieuses sous le régime colonial belge.
Marie-Josée Loshi, Noëlle Verbeken, Léa Tavares Mujinga, Simone Ngalula et Monique Bintu Bingi, les plaignantes, ont vu leur identité effacée, avant d’être abandonnées après l’indépendance de la République démocratique du Congo en 1960. Initialement déboutées en 2021, elles avaient fait appel, laissant aujourd’hui place à une victoire judiciaire marquante.
La Cour a illustré que ces pratiques faisaient partie d’une politique systématique de ségrégation raciale et de violations des droits humains menée par l’administration coloniale belge. « L’État belge nous a déracinées, séparées de nos familles, volé nos noms, nos identités et nos droits humains », a déclaré Léa Tavares Mujinga, une des plaignantes, lors de l’audience.
Cette décision est bien plus qu’un simple jugement. Elle pourrait initier d’autres revendications pour des réparations, après les excuses officielles formulées en 2018 par l’ancien Premier ministre belge Charles Michel et l’adoption de la « Résolution Métis » par le Parlement belge en 2019. Les organisations comme Amnesty International et l’African Futures Lab ont applaudi cette avancée significative. Leur soutien a été essentiel dans cette lutte pour justice. « Ce jugement souligne l’importance des réparations telles que définies par les Nations unies en 2005 », a souligné Geneviève Kaninda de l’African Futures Lab. De son côté, Rym Khadhraoui, chercheuse d’Amnesty International, a qualifié ce verdict de « pas significatif » vers la reconnaissance des injustices historiques liées à la colonisation.
Le verdict de Bruxelles marque également une étape cruciale dans la reconnaissance des atrocités de la colonisation belge et leur impact durable sur les victimes et leurs descendants. Ce jugement pourrait non seulement encourager d’autres victimes à porter leur cause devant la justice, mais aussi intensifier le débat sur la nécessité de réparations tangibles. Alors, après ce coup de tonnerre juridique, l’Europe saura-t-elle enfin confronter pleinement son passé colonial ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd