La province de l’Ituri, déjà fragilisée par des tensions sociales et sécuritaires, fait aujourd’hui face à un défi d’un autre ordre : l’image de sa justice. Le samedi 30 novembre, Emmanuel Shamavu, premier président de la cour d’appel de l’Ituri, a pris la parole pour s’adresser à la population, appelant à ne pas se laisser duper par les fausses rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux, souvent sources de désinformation.
Lors de la rentrée judiciaire à Bunia, Emmanuel Shamavu a exprimé son inquiétude face aux comportements de certains individus qui diffusent de fausses informations sur les activités judiciaires. Selon lui, ces agissements ternissent l’image de la justice et incitent parfois des citoyens frustrés à développer une méfiance ou une attitude hostile envers les institutions judiciaires. Dans le contexte d’une province comme l’Ituri, où la paix est encore chancelante, un tel phénomène possède le potentiel d’aggraver les divisions sociales.
Cette montée des rumeurs et de la désinformation semble être un fléau facilité par les réseaux sociaux. « Il arrive que des affaires soient encore pendantes devant les cours et tribunaux, mais certaines personnes commencent à jubiler dans leurs quartiers. Cela peut pousser leurs adversaires à douter de l’impartialité de la justice », a averti Emmanuel Shamavu. En invitant la population à adresser directement leurs préoccupations aux autorités judiciaires, il espère apaiser les tensions et renforcer les liens entre citoyens et institutions.
Dieudonné Lossa, coordonnateur de la société civile en Ituri, a profité de cette rentrée judiciaire pour insister sur la nécessité d’une justice équitable et efficace. Il a plaidé pour une véritable lutte contre l’impunité à travers une « justice distributive », garante de la confiance publique envers les tribunaux. « Nous avons besoin d’une justice distributive. Si on accuse qui que ce soit, qu’il soit sanctionné conformément à la loi », a-t-il déclaré avec ferveur.
Avec un contexte socio-politique tendu et une paix encore en construction, l’Ituri ne peut se permettre de voir la confiance envers la justice s’effriter davantage. Ce double appel, à la responsabilité collective et au sens de l’éthique judiciaire, est un rappel de l’importance d’un système judiciaire crédible et serein pour garantir un avenir stable à la province.
Dans un pays comme la République Démocratique du Congo, où les défis judiciaires se mêlent souvent aux enjeux politiques et sociaux, les appels à une justice impartiale résonnent particulièrement. L’efficacité des efforts pour restaurer la confiance dépendra largement de l’engagement des autorités judiciaires et de la vigilance des citoyens face à la désinformation.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net