L’affaire de l’enlèvement d’un séminariste dans le quartier Tshiamalale, situé à Lubumbashi, continue de faire grand bruit en République démocratique du Congo. Vendredi 29 novembre, la Cour d’ordre militaire a tenu une audience en matière répressive et a prononcé des verdicts retentissants, marquant un tournant dans cette affaire.
Dans le collimateur de la justice, le colonel-magistrat Ange-Félix Mwangala, appartenant à la 2ᵉ zone de défense, a reçu une double peine exemplaire. Il a été radié des rangs de l’armée et condamné à 20 ans de prison pour enlèvement. Outre cette sanction privative de liberté, le tribunal a ordonné au colonel de verser 10 000 dollars américains au séminariste victime de l’enlèvement, ainsi que 20 000 dollars à l’archidiocèse de Lubumbashi pour les préjudices subis. Cette condamnation est un signal fort envoyé à ceux qui transgressent les lois tout en portant l’uniforme.
Dans le cadre de la même enquête, deux sergents, reconnus également coupables, ont écopé de 10 ans de prison ferme chacun. À l’inverse, un adjudant impliqué dans cette affaire a été acquitté, faute de preuves suffisantes. Ces décisions illustrent la détermination de la Cour d’ordre militaire à établir la responsabilité individuelle dans ce dossier sensible.
Cette affaire prend racine dans les dénonciations formulées par l’Assemblée épiscopale de la province ecclésiastique de Lubumbashi (Haut-Katanga), après l’enlèvement survenu le 18 novembre dernier. Selon Mgr Fulgence Muteba Mugalu, archevêque métropolitain de Lubumbashi, ce rapt est lié à des litiges fonciers touchant une concession diocésaine située à Tshiamalale. Ces terrains sont occupés illégalement par des tiers sans titres de propriété légaux, ajoutant une dimension complexe à une affaire déjà électrique.
Le séminariste, relâché rapidement après son enlèvement, a pu compter sur le soutien indéfectible de l’Église catholique. Celle-ci avait exigé des poursuites immédiates et sans compromis contre les responsables. Mgr Mugalu, figure de proue dans ce combat, a salué cette avancée judiciaire significative tout en rappelant que de telles pratiques découlent de la normalisation de l’impunité en RDC.
Ce dossier troublant soulève des questions plus larges : comment restaurer la confiance envers les institutions judiciaires et militaires en RDC ? Alors que la nation cherche à tourner la page des dysfonctionnements, cette affaire pourrait bien devenir un exemple de sursaut pour l’État de droit.
Alors que les médias congolais suivent de près cette affaire, elle illustre une triste réalité davantage médiatisée grâce aux efforts des acteurs ecclésiastiques et de la société civile. Pour les citoyens du Haut-Katanga mais aussi pour l’ensemble de la République démocratique du Congo, cette décision est vue comme un signal prometteur vers une justice effective et une discipline rigoureuse au sein des forces armées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd