Depuis le début de l’année, la prison centrale de Beni, dans la province du Nord-Kivu, connaît une situation dramatique avec au moins 120 décès de détenus enregistrés. Cette révélation marquante a été faite lors d’un atelier organisé le mercredi 27 novembre par la MONUSCO, via ses sections d’appui à l’administration pénitentiaire et à la justice. Si ces pertes tragiques interpellent, elles mettent en lumière les défis persistants du système carcéral en République Démocratique du Congo.

Tsongo Makelele, le directeur de la prison, pointe du doigt un problème criant : la surpopulation. « La prison de Beni a été construite pour accueillir 250 détenus, mais elle héberge aujourd’hui près de 1 500 personnes. Cette surpopulation extrême détériore considérablement les conditions de vie des prisonniers », a-t-il affirmé avec désespoir. Dans cet environnement, la promiscuité et le manque de ressources de base entraînent des conséquences tragiques sur la santé et la vie des détenus.

Face à ce constat alarmant, des solutions urgentes ont été proposées par Tsongo Makelele et les participants à cet atelier. Parmi elles, le désengorgement des prisons par le biais d’inspections régulières des magistrats, un traitement diligent des dossiers judiciaires et l’octroi de libertés conditionnelles pour certains prisonniers. « Il est crucial de transmettre au ministre de la Justice les dossiers nécessaires pour envisager des mesures adaptées telles que des libertés conditionnelles. Cela permettra de désengorger la prison et d’améliorer la situation des détenus », a encore précisé le directeur avec conviction.

Au-delà des actions immédiates, cette problématique révèle un défi plus vaste. Les infrastructures carcérales en RDC ne sont pas adaptées aux réalités actuelles et la surpopulation des prisons est loin d’être un problème isolé. Les débats autour de cette structure de Beni reflètent un symptôme d’un système judiciaire et pénitentiaire sous pression, nécessitant des réformes profondes.

Ces discussions au sein de l’atelier, où 26 acteurs civils et militaires ont été mobilisés, ouvrent peut-être la voie à une nouvelle prise de conscience. Si les solutions proposées sont mises en œuvre efficacement, elles pourraient poser les premiers jalons pour réduire la précarité dans le système carcéral congolais. La crise à Beni est un rappel urgent de la nécessité d’une réponse globale pour protéger les droits et la dignité des prisonniers, tout en assurant un fonctionnement efficace du système de justice.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net