Le village Ngenengene, niché dans la commune de Lubunga dans la province de la Tshopo, est le théâtre d’un drame silencieux. Depuis près d’une année, ce village autrefois animé, connu pour son rôle de centre commercial et grenier de Lubunga, se retrouve en proie au silence, marqué par des violences liées au conflit intercommunautaire entre les Mbole et les Lengola. Aujourd’hui, Ngenengene est devenu un village fantôme, un lieu où la forêt semble avoir repris ses droits, recouvrant les ruines des maisons incendiées et les restes humains qui y gisent encore.

Selon le témoignage de la société civile Sauti ya Lubunga, la psychose persiste non seulement à Ngenengene mais également dans les villages environnants tels qu’Ubundu. Bien que la circulation ait partiellement repris dans d’autres axes comme celui d’Opela, cette partie du territoire reste marquée par un traumatisme profond. Prince Héritier Isomela, président de cette structure citoyenne, de retour de cette zone, décrit une situation où le calme qui règne semble plus angoissant que rassurant : « Du côté d’Ubundu, il y a un problème : la circulation n’a pas repris, surtout l’axe Ngenengene. Les gens sont toujours en fuite. Nous avons trouvé des ossements, des corps dans des recoins du village. Le centre hospitalier du village Otobilo est vide, les populations ayant fui vers des sites de déplacés situés à Lubunga et à la rive droite. »

Cette situation interpelle sur l’urgence des actions à mener pour rétablir la paix et permettre le retour des déplacés dans leurs villages d’origine. Prince Héritier Isomela plaide pour une table ronde impliquant les autorités locales et les parties concernées afin d’endiguer ce conflit qui dévaste les communautés et les infrastructures. En outre, il appelle également à une revue des contrats entre la société CAP_CONGO et les administrations locales, qui semblent aussi jouer un rôle dans l’aggravation de la crise.

La tragédie de Ngenengene reflète les enjeux de sécurité qui continuent de hanter la République démocratique du Congo. Pourquoi tant d’efforts peinent-ils à matérialiser la paix dans ces régions meurtries ? À l’heure où les initiatives internationales cherchent à consolider la sécurité dans le pays, cette situation met en lumière l’urgence de solutions adaptées aux réalités sociales et culturelles locales. Retisser le tissu social et rétablir la confiance entre communautés restent des défis majeurs pour garantir un futur plus sûr et équitable en RDC.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net