À Kinshasa, une situation critique se dévoile alors que plus de 480 ressortissants de Beni et Lubero, dans la province du Nord-Kivu, croupissent dans les geôles sans l’ombre d’un procès. Un silence pesant pèse sur leurs dossiers, dénoncé avec véhémence par l’Association culturelle Nande. Depuis plus de cinq ans, ces détenus languissent derrière les barreaux dans un imbroglio judiciaire qui semble sans fin.
Donatien Mongane, vice-président de l’association, tire la sonnette d’alarme. Selon lui, 250 hommes, 35 femmes et même 5 enfants sont embastillés à la prison de Makala. Une tragédie humaine, exacerbée par la perte récente d’une détenue. La question qui brûle toutes les lèvres est celle de l’absence inexplicable de jugement. Mongane soutient que ces individus, décrits comme « témoins gênants », ont osé dénoncer les atrocités perpétrées à Beni et Lubero.
Des accusations troublantes pèsent aussi sur 141 autres détenus, incarcérés à la prison d’Angenga depuis cinq ans. Ces ex-Maï-Maï, désormais appelés Bazalendo, sont inculpés pour possession illégale d’armes et appartenance à des groupes armés. Mongane affirme que leur déportation précipitée vers Kinshasa est injustifiable : leurs juges naturels sont à Beni.
Dans une lettre adressée récemment au ministre de la Justice, l’Association Nande exhorte à une relaxation immédiate ou, tout au moins, au transfèrement des détenus vers le Nord-Kivu où la justice locale peut statuer. Alors que le ministre procède à la libération de certains détenus sans charges, l’espoir est ainsi ravivé pour ceux qui attendent dans l’ombre des murs de Makala.
Cette situation préoccupante soulève des questions plus larges sur l’état de la justice en RDC, qui doit se pencher sur le sort de ces oubliés de la liberté. Une question se pose alors : la sécurité en RDC passerait-elle par la réhabilitation de la confiance dans son système judiciaire ?
Source: radiookapi.net