Dans l’arrière-pays congolais, à des kilomètres de Kinshasa, les cris d’alarme pour une justice en déroute résonnent du Bas-Uele. En séjour dans la capitale, une délégation de juristes, conduite par le secrétaire national du Conseil des défenseurs judiciaires, maître Victor Elonga Kongoli, a dévoilé une réalité judiciaire alarmante lors d’une conférence de presse tenue le samedi 12 octobre. Le dysfonctionnement des tribunaux dans cette province est criant, symptomatique d’une absence quasi généralisée de juges. Mais comment en est-on arrivé là ?
Des jugements laissés en suspens, des tribunaux de paix aux portes closes, le constat est amer. Ango, Aketi, Bondo, Bambesa, Buta… autant de localités condamnées à une justice moribonde. Des juridictions censées régir des matières essentielles comme le travail, le commerce ou la justice des mineurs sont simplement inopérationnelles. La situation ne cesse de se détériorer, laissant les populations locales dans l’incertitude et le désespoir.
Victor Elonga Kongoli n’a pas mâché ses mots. Il exhorte le Conseil Supérieur de la Magistrature à dénouer cette crise. « Nos semblables sont arrêtés et détenus sans le respect des procédures légales, » clame-t-il, réclamant justice pour ceux incarcérés à la prison centrale de Buta, en attente de connaître les accusations portées contre eux. Pourquoi les garder sous cet état jusqu’à ce jour ? Cette question retentit encore dans la salle, témoignant du vide laissé par l’absence des juges, colonne vertébrale de toute société juste et équitable.
Ce silence institutionnel inhérent aux provinces reculées soulève de vastes enjeux : la décentralisation effective de la justice congolaise, le redéploiement des forces vives de la magistrature, et surtout, le nécessaire désengorgement des prisons du Bas-Uele. Chaque jour sans juge est un jour où la confiance des citoyens dans leur système judiciaire s’effrite un peu plus, posant des questions cruciales sur l’avenir de l’état de droit en République Démocratique du Congo.
Source: radiookapi.net