Dans la région semée de troubles du Nord-Kivu, un appel angoissant résonne parmi les veuves de militaires tombés au front à Beni. Ces femmes, fragilisées par la perte de leurs époux, se retrouvent prises dans l’engrenage administratif, réclamant à cor et à cri le paiement des arriérés d’une année de leur rente de survie. Privées de leur unique source de revenus, elles décrivent un calvaire quotidien qui finit par briser le fragile équilibre de leur précarité financière.
Éveline, l’une d’entre elles, partage un témoignage poignant : « Ils ne font que nous insulter, en nous chassant comme des chiens. Ils disent que c’est nous qui avons tué nos maris. Mon mari est mort au front à Kamango. Il m’a laissée avec trois orphelins et une grossesse. Aujourd’hui, cet enfant a huit ans. » Un récit glaçant qui illustre parfaitement le désespoir vécu par ces familles démunies.
Depuis 2015, elles bénéficiaient de ces rentes, une maigre compensation de leur perte, jusqu’à ce que le silence administratif s’impose brusquement en septembre 2023, sans aucune explication de la hiérarchie militaire. Les conséquences ? Enfants déscolarisés, loyers impayés, familles jetées dans la rue…
Marie, une autre veuve, témoigne de l’incompréhension après un contrôle physique en avril dernier : « Ils nous ont présenté une base de données datant de 2008, alors qu’on s’est mariés en 2013. Du coup, ils nous traitent de voleuses. Ils ont pris nos photos et ont confisqué toutes nos cartes. Nous demandons à la plus haute hiérarchie de nous dire comment nous allons survivre. »
Tandis que le souffle du désespoir continue d’envelopper ces veuves, le colonel Mack Hazukay, porte-parole de l’armée pour le Grand Nord-Kivu, assure de sa volonté de faire la lumière sur ce dossier complexe. Ce feuilleton tragique, on ne peut que le souhaiter, trouvera bientôt une résolution, rendant une dignité bafouée à ces femmes qui n’aspirent qu’à une reconnaissance légitime.
Source: radiookapi.net