En Tunisie, à quelques jours à peine de la présidentielle du 6 octobre, le Parlement a voté une révision controversée de la loi électorale. Le changement majeur consiste à retirer au tribunal administratif la prérogative d’arbitrer les contentieux électoraux, désormais confiés à la Cour d’appel. Un mouvement vu par beaucoup comme une manipulation législative en faveur du président sortant, Kaïs Saïed.
Cette révision législative a été avalisée par 116 voix contre 12, avec huit abstentions, dans un contexte d’extrême méfiance et de participation électorale historiquement basse. Plus d’un tiers des députés avaient exigé son examen d’urgence, face à ce qu’ils appellent un ‘conflit’ entre justice administrative et l’autorité électorale tunisienne, l’Isie.
Mais pour les détracteurs de cette nouvelle révision, c’est un tournant ‘inconstitutionnel’, marquant un recul des garanties démocratiques dans le pays. Le Tribunal administratif, rencontré pour statuer sur des recours ayant réintégré trois candidats potentiellement compétitifs, était déjà vu comme un rempart judiciaire contre des exclusions arbitraires par l’Isie.
À l’approche de l’échéance électorale, la liste ‘définitive’ des candidats, favorable à Kaïs Saïed, alimente les accusations d’une justice ‘aux ordres’. En plus du président en exercice, seuls Zouhair Maghzaoui, ancien député de gauche, et Ayachi Zammel, lui-même empêtré dans des accusations en justice, ont été autorisés à se présenter.
Des ONG, aussi bien tunisiennes qu’internationales, ainsi que l’UGTT, critiquent vivement le processus électoral actuel, soulignant un environnement électoral ‘faussé’ et une ‘perte d’indépendance’ de l’Isie. Kaïs Saïed, démocratiquement élu en 2019, est accusé de dérive autoritariste depuis sa prise de pouvoir totale à l’été 2021.
Cette situation tendue a culminé avec des manifestations où des slogans tels que ‘Liberté, liberté’ et ‘Dégage’ dirigés contre Saïed, ont été scandés par des Tunisiens alarmés par le musellement croissant des libertés dans le pays. En 2019, Saïed lui-même dénonçait les révisions législatives pré-électorales comme des menaces sur la démocratie, ce qui rend la volte-face actuelle d’autant plus marquante.
Source: mediacongo.net