La vie reprend doucement à Kishishe, un village situé dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), après le retrait du Mouvement du 23-Mars (M23) de la région. Ce groupe rebelle est responsable du massacre de plus de 170 habitants en novembre dernier, selon les Nations Unies.
Les rebelles du M23, principalement composés de Tutsis, ont progressé sur le territoire congolais depuis un an, s’emparant de routes principales, de villes et de postes-frontières. Le 29 novembre, ils ont massacré des civils dans le village de Kishishe, où se trouvaient également les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé majoritairement Hutu.
Michel*, un témoin du massacre, raconte comment les rebelles du M23 ont fouillé les maisons du village, abattant tous les hommes qu’ils trouvaient. Il se souvient notamment du meurtre du pasteur et de son fils. Les forces de sécurité congolaises et les Casques bleus des Nations Unies n’étaient pas intervenus.
Des corps en décomposition ont été découverts à Kishishe, certains portant des grigris, signe qu’ils appartenaient aux « maïmaï », des milices communautaires locales. Un autre témoin, Fabrice*, raconte que le M23 a forcé les rescapés à enterrer les victimes, dont certaines étaient leurs proches.
Un notable du village a répertorié 120 morts entre le 22 et le 29 novembre, alors que l’ONU en dénombre au moins 171. Des experts onusiens, l’Union européenne et les États-Unis ont dénoncé le soutien du Rwanda à la rébellion, accusant Kigali d’approvisionner les rebelles en armes et munitions et d’avoir des troupes sur le sol congolais.
Aujourd’hui, les habitants de Kishishe tentent de reprendre le cours de leurs vies malgré les plaies béantes laissées par le massacre. Ni l’armée congolaise, ni la force régionale est-africaine en cours de déploiement, ni les Casques bleus ne sont venus assurer la sécurité des habitants ni combler le vide laissé par le départ du M23, désormais positionné à une vingtaine de kilomètres au sud-est du village.