Dans un contexte où les aléas climatiques exacerbent les vulnérabilités urbaines, un élu provincial monte au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme un abandon stratégique de sa circonscription. Le député national Marcel Dandu Ekutu a choisi la tribune parlementaire pour secouer le gouvernement congolais, déposant ce mardi une question orale cinglante à l’encontre du ministre des Infrastructures et travaux publics. L’enjeu ? Les érosions dévorant Lisala, phénomène géologique devenu symbole d’une carence étatique persistante en République Démocratique du Congo.
Depuis quatre décennies, ces crevasses meurtrières rongent littéralement le tissu urbain de la cité mongalaise. « Comment expliquer qu’aucun des gouvernements successifs n’ait jugé utile de protéger des vies humaines ? », interroge rhétoriquement l’élu dans sa correspondance. Un constat accablant qui soulève des questions plus larges sur l’équité territoriale dans la gestion des actualités politiques RDC. Les chiffres avancés – maisons englouties, familles déplacées, décès recensés – dessinent une cartographie de l’urgence que Kinshasa semble ignorer.
La manœuvre parlementaire prend des allures de bras de fer institutionnel. En septembre 2024 déjà, un mémorandum détaillant des solutions techniques comme la canalisation des eaux pluviales vers le fleuve Congo avait été remis au ministère. Promesses non tenues, calendriers fantômes : le député dénonce une « inertie bureaucratique qui confine à la négligence criminelle ». Une charge violente qui met en lumière les dysfonctionnements chroniques de l’administration congolaise, sujet récurrent des enquêtes RDC en matière de gouvernance locale.
« Le ministre nous avait assuré d’une intervention rapide. Aujourd’hui, chaque pluie transforme les rues en pièges mortels », tonne Marcel Dandu Ekutu. Cette temporalité de l’urgence, opposée à la lenteur des procédures étatiques, cristallise un malaise grandissant. La situation à Lisala apparaît comme un test décisif pour le gouvernement : jusqu’où peut-on laisser pourrir une crise locale avant qu’elle ne devienne un cas d’école de mauvaise gouvernance dans les analyses politiques RDC ?
En filigrane, c’est toute la problématique de la décentralisation effective qui est posée. Les autorités provinciales, dotées théoriquement de compétences en matière d’aménagement du territoire, semblent dépassées par l’ampleur des travaux nécessaires. Faut-il y voir un appel détourné à un rééquilibrage des pouvoirs entre Kinshasa et les entités décentralisées ? La question mérite d’être soulevée alors que les actualités régionales RDC montrent une recrudescence des tensions centre-périphérie.
L’offensive parlementaire n’est pas sans risque politique. En pointant du doigt l’inaction d’un ministre d’État, le député prend le pari de mobiliser l’opinion publique congolaise sur un dossier technique. Une stratégie périlleuse qui pourrait cependant forcer l’exécutif à sortir de sa réserve. Reste à savoir si cette interpellation suffira à inscrire la lutte contre les érosions parmi les priorités nationales, dans un pays où les crises se superposent plus qu’elles ne se remplacent.
Alors que la saison des pluies s’annonce, les habitants de Lisala retiennent leur souffle. Entre indifférence administrative et fatalisme populaire, le compte à rebours est enclenché. Verra-t-on enfin émerger une politique publique structurée de prévention des risques environnementaux ? La balle est désormais dans le camp du ministre Gisaro, dont la réponse – ou son absence – sera scrutée à la loupe par tous les observateurs des nouvelles congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
