Dans un contexte de tensions persistantes à l’Est de la République Démocratique du Congo, la visite du vice-Premier ministre belge Maxime Prévot à Kinshasa suscite autant d’espoirs que de questions. Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 28 avril, le chef de la diplomatie belge a esquissé les contours d’un soutien mesuré de Bruxelles aux initiatives de paix, tout en évitant soigneusement de s’ériger en médiateur direct. Un jeu d’équilibriste qui reflète la complexité des enjeux régionaux.
« Nous sommes conscients qu’il est important que des signaux soient donnés et qu’un dialogue national soit nourri dans les frontières de la RDC », a déclaré M. Prévot, soulignant la nécessité d’une approche inclusive pour stabiliser le pays. Si les louanges envers les processus de Doha et de Washington sont appuyées – « nous souhaitons mesurer les résultats concrets » –, le ton reste empreint d’une prudence diplomatique. La Belgique, acteur historique dans la région des Grands Lacs, préfère agir « en coulisses » plutôt que de s’afficher en sauveur. Une posture qui interroge : jusqu’où Bruxelles est-elle prête à s’impliquer sans heurter les sensibilités souverainistes ?
La rencontre avec le président Félix Tshisekedi a permis de réaffirmer un partenariat stratégique vieux de plusieurs décennies. Selon la présidence congolaise, les discussions ont porté sur le renforcement des « valeurs communes de paix et de développement », ainsi que sur les sanctions européennes ciblant les perturbateurs de la stabilité à l’Est. Un sujet épineux, alors que les récentes initiatives régionales – dont la Déclaration de principes avec le Rwanda – peinent à convaincre sur le terrain.
Maxime Prévot a par ailleurs insisté sur l’importance de créer un environnement économique attractif, essentiel pour sécuriser les investissements belges. Un message qui résonne comme un avertissement voilé : sans stabilité, les promesses de croissance resteront lettre morte. La visite du ministre à Kampala et Bujumbura, évoquée lors des échanges, révèle une stratégie plus large – tenter d’embrasser la complexité régionale plutôt que de se focaliser sur Kinshasa.
Reste que le véritable test réside dans l’efficacité des mécanismes proposés. Si Bruxelles se dit « positive » face aux pourparlers en cours, ses propres marges de manœuvre semblent limitées. Entre le soutien vocal aux initiatives internationales et la réalité des conflits armés, la Belgique navigue en eaux troubles. La référence répétée à un soutien « dans la dimension qui peut être la sienne » en dit long sur les ambiguïtés d’une coopération qui hésite entre leadership discret et retenue stratégique.
Alors que la communauté internationale observe les actualités politiques RDC avec une attention accrue, l’enjeu pour Kinshasa sera de transformer ces appuis diplomatiques en progrès tangibles. Les prochains jours diront si les « signaux » évoqués par M. Prévot se matérialiseront en actions concrètes – ou s’ils rejoindront le catalogue des bonnes intentions inabouties.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
