Alors que le Philosophat Regina Pacis de Vuhira célébrait ses 25 ans d’existence ce dimanche 27 avril à Butembo, une réalité contrastée se dessine derrière les festivités. Cette institution clé de formation philosophique, créée en réponse à l’insécurité chronique dans l’est de la République Démocratique du Congo, incarne à la fois une réussite éducative et un cas d’école des défis structurels du secteur.
Fondé en 1999 pour pallier l’impossibilité d’envoyer les séminaristes au Philosophat de Murhesa à Bukavu – une route alors trop dangereuse –, l’établissement a formé 600 diplômés dont 150 prêtres. Des chiffres qui masquent pourtant une précarité croissante. « Nous devons composer avec six à huit mois de formation au lieu de neuf », révèle le recteur Erasme Paluku Maliro, soulignant un manque à gagner de 7 000 USD par mois.
Comment une institution si cruciale pour les actualités régionales RDC en matière d’éducation et de stabilité sociale peut-elle traverser une telle tempête financière ? La réponse tient en partie à la suspension des subsides romains, combinée à l’explosion des besoins logistiques. Avec 66 séminaristes actuels issus de Butembo-Beni, Bunia ou encore Kisangani, les infrastructures montrent leurs limites : deux nouveaux bâtiments sont urgents pour l’hébergement et le réfectoire, un troisième pourrait accueillir 40 élèves supplémentaires.
Pourtant, malgré ces obstacles, le Philosophat reste un pilier des nouvelles congolaises en matière de formation éthique. Ses anciens élèves peuplent aujourd’hui les paroisses du diocèse, l’administration publique et les établissements scolaires. Un succès qui interroge : jusqu’à quand cette machine à former des élites pourra-t-elle fonctionner à flux tendu ?
Le cas de Vuhira reflète les paradoxes des actualités éducatives RDC. D’un côté, une demande croissante – les vocations augmentent chaque année –, de l’autre des moyens en berne. « Les diocèses contributeurs sont eux-mêmes sous pression », analyse un observateur local sous couvert d’anonymat. Résultat : une course contre la montre pour trouver des donateurs privés et des partenariats innovants.
À l’heure où les actualités politiques RDC focalisent sur les tensions sécuritaires, le cri d’alarme du Philosophat rappelle une évidence : l’éducation reste le meilleur rempart contre les crises. Mais à Butembo comme ailleurs dans les régions connexes du Kivu, la pérennité de ce bastion intellectuel dépendra de la mobilisation collective. Un test crucial pour la société congolaise, tiraillée entre urgences immédiates et investissements sur l’avenir.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
