Dans la nuit du 24 au 25 avril 2025, un spectacle de désolation a frappé le quartier Gécamines à Lubumbashi. Les flammes ont englouti le dortoir 2 du Lycée Tshondo, réduisant en cendres plus de 100 lits, des effets scolaires et des biens personnels. « Tout est parti en fumée : les matelas, les uniformes, même les cahiers des élèves », déplore Sœur Suzanne Mulekwa, directrice de l’internat, les yeux rivés sur les décombres encore fumants. Un drame qui rappelle cruellement celui de novembre 2024, lorsque le dortoir 1 avait subi le même sort.
Comment en est-on arrivé là ? La question hante les esprits dans cette institution catholique du Haut-Katanga. Si l’origine du feu reste officiellement indéterminée, les murs décrépis de l’internat murmurent une autre histoire. « Le réseau électrique date de l’époque coloniale », soupire un enseignant sous couvert d’anonymat. Un constat accablant qui pointe du doigt l’état vétuste des infrastructures scolaires en RDC, malgré les promesses répétées des autorités.
La rapidité d’intervention des camions incendie de la mairie et de la société minière CHEMAF a évité le pire. Mais ce succès opérationnel ne peut masquer une amère ironie : le sinistre survient moins de 24 heures après une marche estudiantine jusqu’au gouvernorat. Les élèves réclamaient justement la réhabilitation promise par Jacques Kyabula après le premier incendie. « Nous avions sonné l’alarme, mais qui a vraiment écouté ? », s’interroge une lycéenne, son uniforme encore taché de suie.
Ce deuxième drame en cinq mois révèle une faille béante dans la gestion des dossiers éducatifs au Katanga. Le gouverneur Kyabula, pourtant présent sur les lieux en 2024, semble pris en défaut. Ses engagements solennels se sont-ils évaporés comme la fumée des décombres ? La question agite les cercles politiques locaux, alors que les défis économiques de la RDC peinent à éclipser ces urgences sociales.
Derrière les statistiques froides – 100 lits détruits, deux dortoirs anéantis en un an – se cache une réalité plus crue. « Où vont dormir nos enfants ce soir ? », s’époumone une mère de famille devant les caméras. Le drame du Lycée Tshondo cristallise un malaise profond : celui d’une jeunesse congolaise qui étudie dans des conditions dignes d’un autre siècle, malgré les richesses minières de sa région.
Alors que Lubumbashi tente de se positionner comme pôle économique majeur, ces incendies à répétition jettent une lumière crue sur les priorités contradictoires des décideurs. Entre exploitation minière et éducation nationale, le choix des investissements publics interroge. La société civile s’impatiente : « Va-t-on attendre qu’un troisième dortoir brûle pour agir ? », tonne un responsable d’ONG locale.
Cette tragédie pourrait-elle servir d’électrochoc ? Alors que les actualités politiques RDC se focalisent souvent sur Kinshasa, le drame du Lycée Tshondo rappelle l’urgence d’écouter les provinces. L’enjeu dépasse la simple reconstruction : il en va de la crédibilité d’un système éducatif en quête de moyens, et d’une génération qui refuse désormais de se taire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
