Lors du troisième anniversaire de l’Alliance pour le changement (A.ch), Jean-Marc Kabund a choisi le ton de la rupture. L’ancien pilier de l’Udps, désormais figure frondeuse de l’opposition congolaise, a déployé une rhétorique incendiaire contre le régime de Félix Tshisekedi. Dans un discours au vitriol, l’ex-premier vice-président de l’Assemblée nationale a accusé Kinshasa de brader les ressources minières sous couvert de pacification de l’Est – une critique qui résonne comme un écho aux controverses minières ayant marqué les précédents régimes.
Un contrat minier sous le feu des critiques
« Ce partenariat avec les Américains n’est qu’un leurre pour siphonner nos richesses », a tonné Kabund, évoquant des négociations opaques entre le gouvernement et Washington. Une attaque cinglante qui rappelle étrangement le scandale du « contrat du siècle » avec la Chine sous Kabila. L’opposant y voit moins une stratégie de développement qu’une « prédation institutionnalisée », soulignant que « même les fonds destinés à l’armée sont détournés ». La question se pose : ce nouveau partenariat minier risque-t-il de reproduire les erreurs passées, au détriment des populations locales ?
Autocratie, tribalisme, répression : le réquisitoire implacable de Kabund
Le leader de l’A.ch a élargi sa critique à l’ensemble de la gouvernance tshisekediste, dénonçant un « État-fantôme » rongé par le clientélisme et la corruption. « On instrumentalise l’ethnicité pour diviser, on réprime les voix dissidentes sous de faux prétextes sécuritaires », a-t-il asséné, dans une allusion transparente aux récentes arrestations d’opposants. Une charge qui interroge : le régime actuel reproduit-il les travers autocratiques qu’il dénonçait naguère ?
Le spectre de l’effondrement économique et social
Kabund a dressé un portrait apocalyptique de la RDC : monnaie en chute libre, services publics exsangues, inégalités explosives. « Les indicateurs socio-économiques sont au rouge », a-t-il martelé, pointant l’incapacité du pouvoir à juguler la crise. Cette analyse rejoint les préoccupations exprimées par de nombreux observateurs économiques à Kinshasa et Lubumbashi. Reste à savoir si cette dénonciation trouvera écho auprès d’une population confrontée à l’inflation galopante.
Un retour en force calculé ?
Ce discours marque un tournant dans le positionnement de Kabund. En s’attaquant frontalement à son ancien allié Tshisekedi, l’opposant semble vouloir incarner une alternative crédible, combinant rhétorique patriotique et dénonciation des dysfonctionnements structurels. Mais sa crédibilité résistera-t-elle aux accusations de volte-face ? Certains analystes politiques à Goma y voient une stratégie pour capitaliser sur les déceptions nées des promesses non tenues du régime.
Les enjeux à venir : entre résistance et recomposition politique
En appelant à une « résistance constitutionnelle », Kabund pose les bases d’une opposition plus structurée. Son défi : unir des mouvances disparates autour d’un projet commun, dans un paysage politique congolais fragmenté. La réaction des partenaires internationaux, notamment face aux accusations de complicité dans le pillage des ressources, sera déterminante. Alors que les prochaines élections se profilent à l’horizon, ce discours pourrait-il amorcer un rééquilibrage des forces politiques ? L’avenir dira si cette sortie médiatique se mue en véritable contre-pouvoir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net