La province du Nord-Kivu est confrontée à une situation épidémiologique préoccupante : huit cas suspects d’anthrax, également appelée « maladie du charbon », ont été recensés en l’espace de dix jours, selon des sources officielles du parc national des Virunga. Parmi ces cas, un décès a déjà été enregistré dans les territoires de Rutshuru et de Lubero. Une alerte sanitaire qui rappelle la vulnérabilité des populations face aux zoonoses dans cette région riche en biodiversité.
Une bactérie redoutable et des symptômes trompeurs
L’anthrax, causé par la bactérie Bacillus anthracis, est une infection qui peut se manifester sous trois formes : cutanée, pulmonaire ou digestive. Dans le Nord-Kivu, les premiers signes observés chez les animaux – puis chez l’homme – concernent principalement des lésions cutanées noirâtres, des fièvres soudaines et des difficultés respiratoires. Mais comment une bactérie peut-elle passer des hippopotames du lac Édouard aux troupeaux, puis aux humains ? La réponse réside dans la persistance des spores, capables de survivre des années dans le sol ou l’eau, comme des graines invisibles prêtes à germer au contact d’un hôte.
Des mesures urgentes face à une propagation silencieuse
Le laboratoire vétérinaire de Goma a confirmé le lien entre les morts récentes de bovins et les cas humains. « Nous avons intensifié la surveillance épidémiologique et formé des relais communautaires », explique un responsable sanitaire sous couvert d’anonymat. Les équipes sur le terrain multiplient les séances de sensibilisation pour éviter la consommation de viande suspecte – un défi dans une région où l’élevage constitue souvent l’unique source de protéines.
Un précédent inquiétant : les hippopotames du lac Édouard
Début avril, la mort d’au moins 50 hippopotames près de Nyakakoma avait déjà mis en lumière la présence de la bactérie. Si aucun nouveau cadavre d’animal sauvage n’a été signalé ces derniers jours, la proximité entre les aires protégées et les zones habitées reste un facteur de risque majeur. Les eaux de la rivière Ishasha, utilisées pour l’agriculture et l’abreuvement du bétail, pourraient-elles devenir un vecteur de contamination à grande échelle ? Les autorités sanitaires surveillent de près cette hypothèse.
Protéger les populations : quelles solutions concrètes ?
Face à cette menace, les recommandations des experts sont claires :
- Éviter tout contact avec des animaux morts sans protection
- Cuire systématiquement la viande à haute température
- Signaler immédiatement les cas suspects aux centres de santé
Des kits de dépistage rapide ont été déployés dans les structures médicales des zones à risque. Rappelons qu’un traitement antibiotique précoce permet généralement de guérir l’infection cutanée, la forme la plus fréquente. Mais dans les zones reculées du Nord-Kivu, l’accès aux soins reste un défi quotidien pour des milliers de familles.
Une collaboration vitale entre acteurs locaux et internationaux
La gestion de cette crise met en lumière l’importance cruciale du partenariat entre le parc des Virunga, les laboratoires régionaux comme celui de Goma, et les organisations internationales. Un modèle de coopération qui pourrait servir de référence pour d’autres régions de la RDC confrontées à des défis sanitaires similaires.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net