Un vent d’espoir souffle sur les régions en crise de la République Démocratique du Congo. Le lancement d’un projet ambitieux de santé mentale et de cohésion sociale, doté de 19 millions d’euros par la coopération allemande, marque un tournant dans l’approche des traumatismes de guerre. Cette initiative, qui débutera dans le Tanganyika avant de s’étendre à d’autres provinces, pourrait réécrire l’avenir de 157 000 Congolais affectés par des années de violence.
Comment reconstruire une société meurtrie par les conflits armés ? Le programme inédit présenté à Kinshasa répond à cette urgence par une approche à double détente. « Nous ne soignons pas que des individus, nous pansons les blessures invisibles de communautés entières », explique Rayn Rider, la coordonnatrice du projet. Une métaphore forte pour décrire ces traumatismes psychologiques qui, comme des fractures mal consolidées, entravent la reconstruction nationale.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 48 villages ciblés dès la première phase dans les zones de santé de Nyemba, Nyunzu et Kalemie. Trois piliers structurent l’intervention :
1. Des unités mobiles de soutien psychosocial
2. La formation de 300 agents de santé locaux
3. Un réseau de centres communautaires dédiés au dialogue intercommunautaire
Kerstin Laabs de la KFW Bankgruppe précise : « Notre engagement dépasse l’aide d’urgence. Chaque euro investit dans la résilience psychosociale est un rempart contre la rechute conflictuelle ». Un constat étayé par l’OMS : les populations ayant accès à un soutien mental présentent 60% de risques en moins de s’engager dans des violences communautaires.
Le choix du Tanganyika comme zone-test n’est pas anodin. Cette province symbolise à la fois les richesses minières et les fractures ethniques de la RDC. Les centres de cohésion sociale y fonctionneront comme des « cliniques du vivre-ensemble », combinant thérapie individuelle et médiation communautaire. Une innovation inspirée des modèles rwandais de réconciliation post-génocide.
Mais comment garantir l’impact réel sur le terrain ? Le programme prévoit des indicateurs mesurables : réduction de 40% des symptômes dépressifs dans les 18 mois, formation de 150 médiateurs locaux, et implantation de 20 « maisons communautaires » équipées en matériel psychoéducatif. Un suivi satellitaire permettra d’adapter les stratégies aux réalités de chaque territoire.
Ce projet arrive à point nommé alors que les actualités RDC font état d’une recrudescence des tensions intercommunautaires au Sud-Kivu. Les spécialistes soulignent qu’un euro investi en santé mentale génère 4 euros d’économies en soins médicaux et en sécurité. Un calcul économique qui pourrait inspirer d’autres bailleurs internationaux.
La balle est maintenant dans le camp des autorités congolaises. Ce programme, s’il réussit son déploiement, pourrait servir de modèle pour une politique nationale de santé mentale – urgemment réclamée par les organisations médicales sur le terrain. Comme le rappelle un ancien enfant soldat devenu travailleur social : « Guérir les âmes, c’est la première ligne de front pour une paix durable ».
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
