Dans un contexte où les actualités politiques RDC sont marquées par des tensions récurrentes entre pouvoir exécutif et entreprises publiques, l’intersyndicale de la Société Lignes Maritimes Congolaises (LMC) a orchestré ce lundi 22 avril 225 une assemblée générale au siège de l’entreprise. L’objectif : contester frontalement l’arrêté ministériel N°VPM/MTVCD/CAB/007/2024 signé par Jean-Pierre Bemba Gombo, Vice-premier Ministre chargé des Transports. Un texte qualifié d’« expropriation financière » par les syndicats, qui y voient une menace directe contre la souveraineté économique de l’entreprise.
L’arrêté en question, daté du 6 février 2025, opère une redistribution controversée des droits de trafic maritime concédés à la LMC par l’État. Selon des documents consultés par congoquotidien.com, 27,5 % des revenus de la société seraient désormais pré-affectés à divers bénéficiaires, dont une structure privée – la PADS Corporation SARL – et le cabinet du ministre lui-même. Une allocation qui soulève des questions brûlantes : comment justifier le transfert de 10 % des fonds à une entreprise privée étrangère au secteur maritime congolais ? Pourquoi 5 % irrigueraient-ils directement le fonctionnement d’un cabinet ministériel, alors que ces frais relèvent traditionnellement du budget de l’État ?
Jacques Madinunga, président de l’intersyndicale, n’a pas mâché ses mots lors de son intervention. « Cette décision équivaut à un détournement institutionnalisé », a-t-il tonné, brandissant une copie de l’arrêté devant une assemblée électrisée. Son argumentaire s’appuie sur un paradoxe troublant : alors que la politique RDC affiche officiellement une volonté de renforcer les entreprises nationales, le gouvernement ponctionnerait ici leurs ressources vitales au profit d’intérêts opaques. « Priver la LMC de 27,5 % de ses revenus, c’est compromettre sa capacité à entretenir les infrastructures portuaires de Kinshasa à Goma », a insisté Madinunga, rappelant le rôle stratégique du transport maritime dans l’économie RDC.
Les implications de ce bras de fer dépassent le cadre corporatiste. En ciblant une société clé du secteur logistique national, le ministère des Transports prendrait-il le risque de fragiliser un pilier déjà vulnérable de l’économie RDC ? Les syndicalistes pointent une incohérence majeure : alors que le Trésor public devrait normalement percevoir les cotisations via les voies fiscales traditionnelles, l’arrêté instaure un prélèvement direct adossé aux droits de trafic. Une méthode qui, selon plusieurs experts consultés, contournerait les mécanismes de contrôle parlementaire.
La réaction du cabinet de Jean-Pierre Bemba Gombo se fait toujours attendre à l’heure où nous publions ces lignes. Reste que cette affaire s’inscrit dans une série de controverses récentes autour de la gestion des transports en RDC. Après les débats houleux sur la concession des ports de Lubumbashi, ce nouveau contentieux pourrait-il enflammer le paysage social congolais ? L’intersyndicale assure avoir déjà saisi plusieurs instances de régulation et promet, en cas de sourde oreille gouvernementale, de « recourir à toutes les voies légales et populaires ».
Au-delà des aspects juridiques, c’est toute la crédibilité des réformes économiques promises par Kinshasa qui se joue ici. Comment concilier l’ambition affichée d’un secteur maritime compétitif avec des prélèvements qui amputent sa capacité d’investissement ? La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Sa réponse – ou son silence – influencera non seulement l’avenir de la LMC, mais aussi la perception des actualités économiques RDC par les investisseurs internationaux. Une chose est sûre : les syndicats entendent faire de ce dossier un test décisif de la volonté politique réelle de protéger les fleurons nationaux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd