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Kinshasa lance l’offensive contre l’urbanisation sauvage : démolitions express ou stratégie politique à haut risque ?

Dans un coup de tonnerre administratif, le Gouvernement provincial de Kinshasa brandit la hache des démolitions contre les constructions illégales de la Baie de Ngaliema. Une décision prise dans l’urgence – 48 heures pour vider les lieux – qui soulève autant de questions qu’elle prétend en résoudre. Faut-il y voir une réponse ferme aux risques environnementaux ou un écran de fumée face à l’incapacité chronique à maîtriser l’urbanisation sauvage de la capitale congolaise ?

Le communiqué officiel invoque pêle-mêle le respect des normes urbanistiques, la protection des installations de la Regideso et l’application stricte de la loi sur les servitudes publiques. « Tous les habitants concernés sont donc priés de prendre toutes les dispositions nécessaires », peut-on lire dans ce texte au laconisme troublant. Derrière cette formule de politesse administrative se profile une réalité brutale : des centaines de familles congolaises sommées de plier bagage sous deux jours.

L’opération intervient dans le sillage des récentes inondations meurtrières qui ont frappé plusieurs communes de Kinshasa actualités. Le timing interroge : pourquoi cette soudaine célérité alors que le phénomène des constructions anarchiques le long du fleuve Congo persiste depuis des années ? Certains observateurs politiques y décèlent un calcul à courte vue. « On déplace le curseur de la responsabilité vers les citoyens alors que les autorités ont fermé les yeux sur ces occupations illicites pendant des décennies », analyse un expert en aménagement du territoire RDC sous couvert d’anonymat.

La référence aux installations de la Regideso, stratégiques pour l’approvisionnement en eau de la mégapole, ajoute une dimension technique à ce dossier éminemment politique. Les autorités provinciales se parent ainsi des vertus du protecteur d’infrastructures publiques, tout en évitant soigneusement de mentionner les défaillances historiques de maintenance qui fragilisent depuis longtemps l’usine de captage.

Sur le terrain, la mesure fait l’effet d’une bombe. « Où veut-on qu’on aille en 48 heures ? » s’insurge Mama Lemba, riveraine interrogée près de la Baie de Ngaliema. Cette colère populaire met en lumière l’absence criante de solutions de relogement dans l’équation proposée par le gouvernement. Une omission qui risque de transformer l’opération d’urbanisme en crise sociale aiguë.

Les spécialistes de la politique RDC relèvent le paradoxe d’une administration prompte à démolir mais lente à construire. « C’est la cinquième opération du genre en dix ans », rappelle un urbaniste de la place. « À chaque fois, on arrache les masures, on fait des discours, puis tout recommence six mois plus tard. » Ce cycle infernal interroge sur l’efficacité réelle de méthodes purement répressives face à un mal structurel.

L’ombre du Gouvernement central plane sur cette décision. Certains y décryptent un testing politique – transférer aux autorités provinciales la charge explosive des expulsions tout en récoltant les lauriers d’un éventuel succès. Une stratégie à double tranchant qui pourrait se retourner contre ses initiateurs si l’opération tournait au fiasco social.

Au-delà des considérations humaines, c’est tout le modèle de développement de Kinshasa actualités qui est mis en cause. La capitale congolaise, théâtre d’une croissance démographique effrénée, semble condamnée à osciller entre laisser-faire anarchique et coups de force autoritaires. « Sans réelle politique de logement social et de planification spatiale, ces mesures resteront des emplâtres sur des jambes de bois », tranche un membre de la société civile spécialisé dans les questions urbaines RDC.

L’épilogue de ce feuilleton urbain s’écrira dans les prochains jours, entre tractations discrètes et possible résistance populaire. Reste une question cruciale : cette opération spectaculaire marquera-t-elle un tournant dans la gestion chaotique de l’urbanisme kinois, ou ne sera-t-elle qu’un énième épisode dans la longue chronique des improvisations urbaines ? La balle est désormais dans le camp des autorités, qui devront démontrer que derrière le bulldozer se cache une véritable vision pour la ville.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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