Dans les vastes étendues du Tanganyika, le Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145), présenté comme un levier de transformation socio-économique, se heurte à une réalité morose. Alors que les autorités provinciales et nationales vantent régulièrement ses avancées, des territoires comme Kalemie, Kongolo, Nyunzu et Manono décrivent un paysage de chantiers paralysés, d’équipements inachevés et de promesses en suspens. Une dissonance qui interroge la gestion de ce programme phare, financé par des partenaires internationaux et censé incarner la « modernisation » de la RDC.
À Kalemie, l’administrateur du territoire confirme que le bâtiment administratif, symbole de cette ambition, est construit mais vide. « Il reste à l’équiper », concède-t-il, dans un euphémisme qui résume l’essoufflement du projet. Sur quatre centres de santé prévus, un seul fonctionne. Les écoles, elles, demeurent des coquilles bétonnées. Comment expliquer cette inertie, alors que les actualités RDC relayent régulièrement des discours officiels triomphalistes ?
La ministre provinciale de l’Éducation, Rose Marie Kasilembo, a effectué une descente à Kongolo, territoire où les travaux « n’avancent presque pas ». Son constat, sans fard, contraste avec la communication lissée du coordonnateur provincial du PDL-145 : « Au retour à Kalemie, on va s’asseoir avec le PNUD et leurs ingénieurs pour savoir pourquoi ça ne finit pas. » Une déclaration qui soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses : les blocages sont-ils techniques, financiers, ou le résultat d’une gouvernance défaillante ?
Dans les territoires de Nyunzu et Manono, les habitants dénoncent des chantiers à l’arrêt, transformant ces sites en symboles d’abandon. Pendant ce temps, le coordonnateur provincial persiste : « Le programme évolue, pas partout, il y a des raisons, mais ce n’est pas abandonné. » Une rhétorique bien rodée, mais qui peine à masquer l’écart entre les rapports officiels et le vécu des populations. Le PDL-145 devient-il un laboratoire des promesses non tenues, dans une région où les actualités politiques RDC se nourrissent souvent de ces contradictions ?
Les enjeux sous-jacents dépassent la simple gestion de chantiers. Ce programme, présenté comme un outil de décentralisation, cristallise les attentes en matière d’économie RDC et de services publics. Son ralentissement affecte directement l’accès à la santé, à l’éducation et aux infrastructures de base, renforçant le sentiment de marginalisation dans ces territoires. La ministre Kasilembo évoque une implication future du gouverneur, mais jusqu’où les autorités provinciales peuvent-elles compenser les lacumes d’un système où Kinshasa et ses partenaires semblent parfois dialoguer sans s’écouter ?
Au-delà des explications techniques, c’est la crédibilité même de l’État congolais qui se joue dans ces chantiers inachevés. Le PDL-145, miroir grossissant des défis de la RDC, risque-t-il de devenir un énième chapitre dans le livre des projets inaboutis ? Alors que les nouvelles congolaises font état de retards cumulés, la pression monte sur les acteurs locaux et internationaux pour débloquer cette impasse. Reste à savoir si les prochains mois verront une relance concrète ou une litanie de nouvelles justifications.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net