Lubumbashi vient de tourner une page décisive dans l’histoire de son développement économique. La 9ᵉ édition d’Expo Béton s’est achevée ce samedi 19 avril 2025 sur une note visionnaire, marquée par la clôture officielle de la Première ministre Judith Suminwa. Centré sur les corridors stratégiques du sud de la RDC, cet événement a cristallisé les ambitions d’une nation en quête d’intégration régionale et de diversification économique. Un thème brûlant : « Les corridors sud de la RDC-SADC : projets à développer et opportunités d’affaires ».
Le corridor de Lobito : artère vitale ou mirage économique ?
Pendant quatre jours, experts, investisseurs et décideurs ont disséqué le potentiel du corridor de Lobito, présenté comme un « catalyseur de croissance à triple détente ». Selon les projections discutées, cet axe pourrait doper les échanges commerciaux de la RDC avec la Zambie et l’Angola de 40% d’ici 2030. La Cheffe du gouvernement a martelé un chiffre clé : 2,3 milliards USD – montant des investissements déjà engagés dans les infrastructures portuaires et ferroviaires de ce projet phare.
Jeunesse et secteur privé : les piliers oubliés de la relève économique ?
Dans un plaidoyer remarqué, Judith Suminwa a adressé un message clair aux entrepreneurs congolais : « Votre audace façonne le visage économique de demain ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 63% des PME présentes à l’expo ont signé des protocoles d’accord avec des partenaires internationaux. Quant à la jeunesse – 65% de la population congolaise – la Première ministre a lancé un appel à l’innovation, annonçant la création prochaine d’un fonds d’investissement dédié aux start-up technologiques dans le bassin minier.
Jean Bamanisa : l’architecte méconnu de la renaissance infrastructurelle
Derrière les projecteurs braqués sur le gouvernement, le sénateur Jean Bamanisa s’impose comme le véritable maître d’œuvre de cette édition. Son réseau « Béton Alliance », regroupant 147 entreprises de BTP, a présenté des solutions innovantes pour le bitumage des axes secondaires. Une avancée cruciale alors que seulement 12% du réseau routier national est actuellement asphalté.
Intégration régionale : la RDC peut-elle devenir le hub de la SADC ?
Les discussions ont révélé un paradoxe saisissant : si la RDC partage des frontières avec neuf pays, son taux d’intégration commerciale régionale plafonne à 7,8%. Les experts présents proposent une solution audacieuse : développer des « zones économiques transfrontalières » le long du corridor Lobito. Un modèle qui pourrait générer 500 000 emplois directs selon la Banque africaine de développement.
Quel avenir pour les infrastructures congolaises post-Expo Béton ?
La balle est désormais dans le camp des investisseurs. Avec 87 projets présentés lors de l’événement – dont 45% dans les énergies renouvelables –, la RDC montre ses muscles. Reste à concrétiser : le taux de réalisation des engagements pris lors des précédentes éditions ne dépasse pas 62%. Un défi de taille pour Judith Suminwa, qui devra transformer ces promesses en routes, ponts et zones industrielles palpables.
Alors que Lubumbashi rend les armes à l’effervescence économique, une question persiste : ces corridors sud seront-ils les autoroutes de la prospérité ou de simples lignes sur une carte ? La réponse se jouera dans les prochains mois, au rythme des pelleteuses et des signatures de contrats. Une certitude : la RDC vient de montrer qu’elle possède le ciment nécessaire pour construire son destin économique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: primature.grouv.cd