Dans un climat politique où les tensions entre pouvoir et opposition atteignent des sommets, la sortie musclée de Seth Kikuni, président du parti PISTE, contre le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), relance le débat sur les libertés démocratiques en RDC. Alors que le CSAC se présente comme un garant de l’ordre médiatique, l’accusation de l’opposant d’y voir un « instrument de musellement » interroge sur les dérives potentielles des institutions censées protéger la démocratie.
« L’Opposition usera pleinement de sa liberté d’expression. Et ce, sans aucune retenue. » Par ces mots tranchants, Kikuni oppose un refus catégorique aux injonctions du CSAC, perçues comme une tentative de contrôler le récit politique. Une rhétorique qui résonne comme un défi lancé aux autorités régulatrices, accusées de franchir la ligne rouge entre supervision et répression. Le ton est donné : dans les actualités politiques RDC, la bataille pour l’espace médiatique s’annonce sans concession.
Un CSAC sous le feu des critiques : Régulateur ou censeur ?
Le cœur du litige réside dans l’interprétation du rôle du CSAC. Initialement conçu pour veiller au pluralisme des médias, l’organe est désormais taxé par Kikuni d’« irresponsabilité flagrante » et d’« arrogance institutionnelle ». La charge est lourde : en qualifiant les avertissements du Conseil de « dérisoires », l’opposant congolais soulève une question cruciale. Jusqu’où une instance régulatrice peut-elle aller sans compromettre les principes républicains qu’elle prétend défendre ?
Cette polémique s’inscrit dans un contexte plus large de crispations autour des analyses politiques RDC, où chaque camp instrumentalise le discours sur la souveraineté. « Il ne vous revient en aucun cas de définir ce qui constitue un impératif républicain », assène Kikuni, dénonçant une confiscation du débat d’idées. Une position qui trouve écho chez certains observateurs, inquiets de voir les institutions glisser vers un rôle de censeur.
Citoyenneté volontaire contre ordre imposé : Le choc des visions
Au-delà de l’affrontement verbal, c’est une conception divergente de l’État qui se dessine. Pour le leader de PISTE, la construction nationale doit reposer sur une « citoyenneté volontaire », respectueuse des diversités d’opinion. « Chacun aime et protège sa patrie à sa manière », argue-t-il, défendant une approche pluraliste face à ce qu’il perçoit comme un monolithisme autoritaire.
Cette vision s’oppose frontalement à la logique du CSAC, perçu comme le bras armé d’un pouvoir soucieux de contrôler l’espace public. En brandissant la menace de sanctions, le Conseil prendrait le risque de radicaliser une opposition déjà méfiante. Un paradoxe à l’heure où les nouvelles congolaises font état d’une demande croissante de dialogue inclusif.
Les prochains enjeux : Résistance ou escalade ?
La conclusion cinglante de Kikuni – « Vous ne pouvez prétendre sauver ce pays seul » – sonne comme un avertissement. L’opposition semble prête à durcir le ton, transformant chaque avertissement du CSAC en preuve de sa partialité. Cette stratégie comporte toutefois ses risques : jusqu’où pousser la confrontation sans alimenter l’instabilité ?
Dans les prochaines semaines, tous les regards seront braqués sur Kinshasa. Le CSAC saura-t-il retrouver sa mission première de régulateur impartial ? L’opposition parviendra-t-elle à canaliser son combat sans verser dans la surenchère ? Autant de questions qui détermineront l’équilibre précaire entre ordre public et libertés fondamentales dans les actualités RDC à venir.
Une chose est certaine : en faisant de cette crise institutionnelle un test démocratique, Seth Kikuni place les autorités devant un dilemme cornélien. Tout durcissement risquerait de confirmer les accusations d’autoritarisme, tandis qu’un recul affaiblirait leur crédibilité. Dans ce jeu d’échecs politique, chaque mouvement pourrait sceller l’avenir du dialogue national.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net