Dans un contexte où la sécurité alimentaire et la promotion des produits locaux restent des enjeux majeurs en République Démocratique du Congo, une initiative novatrice a vu le jour à Mbuji-Mayi, au Kasaï-Oriental. Samedi 19 avril, un mini-marché éphémère dédié aux produits vivriers bio a transformé l’espace devant le couvent des prêtres de la paroisse Saint Jean Baptiste de Bonzola en un hub économique improvisé. Piloté par le programme LadyAgri, soutenu par « Bilenga bia mu Kasaï » et l’Agence belge de développement (ENABEL), cet événement a conjugué accessibilité alimentaire, valorisation des coopératives agricoles et sensibilisation à une consommation responsable.
Un Pont Entre Producteurs et Consommateurs
Maïs frais, poulets de chair, légumes, fruits, vin d’ananas, pain artisanal, huile de palme… La diversité des exposés reflète la richesse agraire souvent sous-exploitée du Kasaï. Pour Patiente Kasangana, vendeuse de pâtisseries issues de l’école technique Mazarello, ce marché représente bien plus qu’un écrin commercial : « C’est une vitrine pour nos savoir-faire. Des clients prennent désormais nos coordonnées pour des commandes futures », explique-t-elle, soulignant l’impact concret sur la visibilité des petites entreprises locales.
Bio et Abordable : Un Paradoxe Résolu ?
Contrairement aux idées reçues associant le « bio » à des prix élevés, les acheteurs comme Modeste Muamba saluent une accessibilité tarifaire inédite : « Le maïs, le manioc, les patates douces… Ici, tout est frais, sain, et à portée de bourse ». Un équilibre rendu possible par la suppression des intermédiaires, selon les organisateurs. Les femmes ménagères, à l’image de Suzanne Mbalambu, y voient une aubaine : « L’huile de palme vendue ici a un goût authentique, bien différent des produits industriels », confie-t-elle, brandissant son sac rempli de noix de palme.
Quel Impact sur l’Économie Locale ?
Avec plus de 300 visiteurs recensés en quelques heures, ce mini-marché illustre un potentiel de développement économique décentralisé. En facilitant l’écoulement direct des récoltes, LadyAgri et ses partenaires boostent les revenus des agriculteurs tout en luttant contre l’inflation des denrées alimentaires – un fléau récurrent dans des villes comme Kinshasa ou Lubumbashi. Une étude de l’ONG locale « Bilenga bia mu Kasaï » estime que de tels circuits courts pourraient réduire de 20% les prix moyens sur les marchés urbains de la région.
Vers une Pérennisation du Modèle ?
Si l’initiative séduit, sa duplication à plus grande échelle pose question. « Le défi reste l’accès régulier à des espaces publics et la logistique de conservation des produits », analyse un expert en agroéconomie contacté par congoquotidien.com. Pourtant, les retombées médiatiques et l’engouement citoyen pourraient inciter les autorités de la RDC à intégrer ces modèles dans leurs politiques agricoles. À l’heure où le gouvernement promeut l’auto-prise en charge via des écoles techniques comme Mazarello, ce mini-marché bio pourrait bien être le laboratoire d’une future révolution verte… à la congolaise.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net