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Ituri : La messe de Pâques à Bunia, entre espérance chrétienne et défi sécuritaire persistant

Dans un contexte d’insécurité persistante, des milliers de fidèles ont rempli la paroisse catholique du lycée Chemchem à Bunia, ce dimanche 20 avril, pour célébrer la messe de Pâques. Un moment de recueillement teinté d’espoir, mais aussi de crispations face aux réalités d’une province en proie aux violences intercommunautaires. « La résurrection du Christ doit nous rappeler que la paix est possible, même ici en Ituri », a lancé le prêtre célébrant, dans une homélie marquée par des appels au pardon et à l’unité.

Un message de paix dans un terreau de tensions

Le prêtre n’a pas éludé les défis locaux : guerres, famines, maladies… « Les gens sont sans espoir. Mais accepter la résurrection, c’est refuser de succomber à cette souffrance », a-t-il insisté, visant implicitement les conflits tribaux qui déchirent l’Ituri depuis des années. Dans les bancs, Emmanuel Uketwenu, fidèle parmi d’autres, acquiesce. « On doit bannir la haine tribale. Ces atrocités nous volent notre avenir », confie-t-il, évoquant les pertes humaines et le climat de méfiance entre communautés.

Pâques sous tension : entre ferveur et défiance

Si Bunia a vécu cette célébration dans un relatif calme, la situation reste volatile dans le territoire de Djugu, épicentre des affrontements entre groupes armés. Là-bas, des fidèles ont aussi prié pour la paix, malgré la peur des attaques. « Comment parler de réconciliation quand nos enfants rejoignent les milices par désespoir ? », interroge une habitante de la région, sous couvert d’anonymat. Une question qui résume le paradoxe iturien : l’Église prêche l’unité, mais sur le terrain, les fractures socio-économiques et les rivalités pour les ressources attisent les violences.

L’Église, médiatrice fatiguée ?

Depuis des années, les leaders religieux de l’Ituri tentent d’apaiser les tensions. Mais leur voix semble étouffée par le bruit des armes. En 2023, un rapport des Nations Unies pointait plus de 1 500 morts dans la province en dix-huit mois. Des chiffres qui hantent les esprits, même durant Pâques. « La foi console, mais elle ne construit pas des routes ni des écoles », lâche un jeune rencontré à la sortie de l’église. Un cri du cœur qui rappelle que la paix durable passe aussi par le développement.

Ituri : le chemin de croix vers la cohésion

Alors que les groupes armés continuent de proliférer, les appels à la réconciliation sonnent parfois comme des vœux pieux. Pourtant, pour des fidèles comme Emmanuel, cet élan spirituel reste un rempart contre le chaos. « Si on ne croit plus en demain, les milices auront gagné », soupire-t-il. Un message porteur d’espoir, mais qui butte sur une réalité implacable : sans justice et sans emplois pour la jeunesse, les prêches risquent de rester lettres mortes. L’Ituri saura-t-elle transformer cette ferveur pascale en socle pour la paix ? L’enjeu dépasse les murs des églises.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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