Limete : Quand l’entrepreneuriat féminin devient un rempart contre la précarité
Dans l’effervescence d’une salle communautaire de Limete, quinze mains se lèvent comme des étendards de détermination. Les Mbwetete (« Les étoiles » en lingala), un nom qui résonne comme une promesse, viennent de boucler une formation en entrepreneuriat susceptible de redessiner leur trajectoire sociale. « Avant, je survivais en vendant du charbon. Maintenant, je négocie un crédit pour agrandir ma petite épicerie », confie une participante sous le crépitement des ventilateurs.
Ghislaine Kumanisa, coordonnatrice de l’association, martèle un credo : « L’autonomisation économique n’est pas une option, mais une nécessité vitale pour nos mères, sœurs et filles ». Son regard appuie chaque mot. Dans cette commune populaire de Kinshasa où 68% des femmes vivent de l’économie informelle selon les dernières études, l’initiative frappe juste. Comment briser le cycle infernal des crédits usuriers ? Peut-on vraiment concilier responsabilités domestiques et activité génératrice de revenus ?
L’intervention de Dieudonné Upira, ancien ministre de la Fonction publique, a électrisé l’assistance : « La richesse n’est pas réservée aux hommes en costume-cravate ! ». Sa déclaration choc – « La femme est tout, la femme a tout » – a fait surgir des youyous enthousiastes. Pourtant, derrière cette liesse perce une réalité têtue : seulement 22% des entrepreneures congolaises accèdent aux financements bancaires selon la Banque centrale.
L’association porte l’empreinte de feu Mgr Édouard-Marie Mununu, dont la vision dépasse les frontières religieuses. « Son Excellence voulait des ambassadrices du changement mental, pas des quémandeuses de dons », rappelle un formateur. Une philosophie qui explique la méthodologie pragmatique : modules sur la gestion de stock, techniques de vente adaptées aux marchés locaux, mécanismes de tontine 2.0…
Le programme vise explicitement la périphérie kinoise, ces zones où l’oisiveté forcée ronge les espoirs. « Demain, ce sont elles qui formeront d’autres femmes à Mbudi, à Kimbanseke ou à N’Sele », ambitionne Kumanisa. Une stratégie en cascade qui interroge : et si l’émancipation économique féminine était la clé du développement durable en RDC ?
Les défis restent colossaux. Entre les pesanteurs culturelles et la concurrence des importations à bas prix, le chemin vers l’autonomie ressemble à un parcours du combattant. Pourtant, chaque certificat remis samedi dernier symbolise une brèche dans le mur de la précarité. À quand une généralisation de telles initiatives dans toutes les provinces ? La réponse pourrait bien déterminer l’avenir socio-économique du pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net