La clôture de la 9ᵉ édition d’ExpoBéton à Lubumbashi marque un tournant décisif pour le développement économique de la RDC. Sous le haut patronage de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, cet événement phare a réuni pendant quatre jours décideurs politiques, investisseurs et experts autour d’un enjeu central : transformer les corridors logistiques en leviers de croissance nationale.
Dans un contexte où les infrastructures RDC constituent l’artère vitale de l’intégration régionale, Jean Bamanisa Saïdi, président du comité d’organisation, a dévoilé quinze recommandations structurantes. Parmi elles, la création urgente d’un groupe de travail interministériel pour piloter les projets transfrontaliers apparaît comme la clé de voûte d’une stratégie ambitieuse. « Les corridors de Lobito et Katanga-Banana ne sont pas que des routes commerciales, mais les futurs catalyseurs de notre souveraineté économique », a-t-il martelé devant un parterre de responsables provinciaux et internationaux.
Le secteur du bâtiment et travaux publics se trouve au cœur de cette mutation. Avec un appel pressant à la « reconquête industrielle par les nationaux », les recommandations insistent sur l’urgence de réformes foncières et la standardisation des formations professionnelles. La proposition de cartographie foncière précise – 90% des litiges urbains provenant actuellement de l’imbroglio des titres de propriété selon les experts – pourrait révolutionner l’urbanisme à Lubumbashi et dans d’autres pôles économiques.
Autre pilier stratégique : la création d’un fonds national pour l’innovation dans les infrastructures. Ce dispositif, calqué sur les modèles sud-africains et marocains, vise à booster la compétitivité des PME locales tout en attirant les investisseurs de la SADC. « Sans recherche et développement adapté, nos ressources minérales resteront un potentiel inexploité », a souligné un expert présent lors des panels techniques.
L’accent mis sur le transport multimodal révèle une vision systémique. La modernisation du réseau ferroviaire – dont seulement 15% est actuellement opérationnel selon les dernières données – apparaît comme priorité absolue. Une étude présentée lors de l’exposition chiffre à 2,3 milliards USD le manque à gagner annuel dû à la vétusté des voies ferrées katangaises.
La Première ministre a salué cette « feuille de route pragmatique », tout en appelant à une mise en œuvre accélérée. Son engagement personnel sur le dossier des zones économiques spéciales laisse présager des arbitrages budgétaires favorables dans le prochain projet de loi de finances. Reste à savoir comment concilier urgence économique et lourdeurs administratives, alors que seuls 40% des projets structurants du plan 2020-2030 ont été initiés à ce jour.
Avec plus de 150 exposants et 3 000 participants, cette édition confirme ExpoBéton comme plateforme incontournable du développement urbain en RDC. Les visites techniques sur le chantier du corridor Kipushi-Moanda ont permis de mesurer l’écart entre ambitions affichées et réalités terrain. Un défi de taille pour les autorités : transformer ces recommandations en réalisations concrètes avant la prochaine édition, sous peine de voir s’éroder la crédibilité de ce forum stratégique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: linterview.cd