Deux semaines après la réouverture controversée de la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO) à Goma sous contrôle du M23, l’initiative révèle déjà ses limites structurelles. Dans une région où l’économie RDC peine à se relever après des mois de paralysie financière, cette expérience bancaire improvisée bute sur un triple défi : technique, psychologique et géopolitique.
Premier écueil majeur : l’absence de code SWIFT, véritable colonne vertébrale des transactions transfrontalières. Sans ce sésame international, la CADECO fonctionne comme un système circulatoire amputé, incapable d’irriguer l’économie Nord-Kivu au-delà des frontières de la province. « C’est comme vouloir remplir un barrage avec un entonnoir », compare un analyste financier sous couvert d’anonymat.
La méfiance populaire constitue le deuxième maillon faible. Malgré l’urgence criante de liquidités dans Goma actualités, les dépôts stagnent à des niveaux inquiétants. Le mécanisme de crédit plafonné à 200$ hebdomadaires, conçu pour relancer la confiance, fonctionne à contre-emploi. « Les opérateurs économiques préfèrent thésauriser plutôt que de risquer leurs fonds », déplore un négociant du marché de Virunga, reflet d’une défiance ancrée dans l’instabilité politique RDC.
En filigrane de ces difficultés opérationnelles se profile un dilemme éthique brûlant. Les dirigeants légitimes de la CADECO ont dénoncé une « manipulation financière au service d’une occupation illégale », jetant un voile juridique sur chaque transaction. Cette condamnation officielle transforme chaque guichet ouvert en champ de bataille symbolique, où se joue la reconnaissance internationale des acteurs en présence.
Les conséquences sur le terrain économique sont palpables : le taux de rotation des capitaux dans les actualités régionales RDC ne dépasse pas 15% des niveaux pré-crise selon nos estimations. Les taxes perçues – principal flux entrant – alimentent une machine fiscale parallèle, creusant le fossé avec les circuits financiers étatiques.
Quelles perspectives pour cette expérience monétaire en zone conflictuelle ? Certains experts évoquent un possible virage vers des crypto-monnaies locales, moins dépendantes des infrastructures internationales. D’autres prédisent un essoufflement inéluctable sans levée des sanctions implicites pesant sur cette initiative. Une chose est sûre : la résilience de l’économie congolaise dans les zones occupées s’écrit ici, entre pragmatisme de survie et enjeux de souveraineté.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net