Dans un mouvement stratégique qui ne manquera pas de susciter débats et analyses, le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki, opère un remaniement administratif d’envergure. Six députés provinciaux intègrent subitement l’exécutif urbain, soulevant d’emblée une question cruciale : ces élus parviendront-ils à concilier mandat représentatif et fonctions exécutives avant l’échéance légale de huit jours ?
Parmi les nominations les plus symboliques, celle de Jack Mabaya à la tête du FONAK interroge. Cette structure clé de l’assainissement urbain, souvent critiquée pour son inefficacité chronique, se voit confiée à un parlementaire dont l’expertise technique reste à démontrer. À ses côtés, Honoré Amous Mbokoso hérite d’un portefeuille financier sensible, dans un contexte où les questions de transparence budgétaire font régulièrement la une des actualités RDC.
La Régie de contrôle d’estampillage (RCEKIN), véritable nerf de la guerre fiscale locale, échoit à Daniel Iyeli. Son adjoint, Eden Lumbu Kukiel, devra quant à lui naviguer entre impératifs juridiques et pression des opérateurs économiques – équilibre toujours périlleux dans la politique RDC. Plus au sud de la chaîne décisionnelle, Paty Mubenga Lumbala prend les commandes de la DGMK, institution stratégique pour le contrôle des marchés publics, secteur régulièrement épinglé pour ses pratiques opaques.
Fait notable : la création d’une brigade environnementale sous l’égide de Miguel Bikela Mundele. Cette initiative, présentée comme une priorité écologique, pourrait bien servir de test décisif pour l’administration Lubaki. Reste à savoir si cette structure disposera des moyens nécessaires pour infléchir les pratiques polluantes ancrées dans la capitale congolaise.
Dans le secteur sensible de la publicité urbaine, Claude Tangola Mpamikenda prend les rênes de l’ARGPK. Un poste clé à l’heure où la régulation médiatique et les enjeux de communication politique prennent une ampleur inédite. Son équipe, composée de profils techniques affirmés, devra composer avec les intérêts divergents des annonceurs et les impératifs d’urbanisme.
Ces nominations interviennent dans un contexte où Kinshasa actualités se font l’écho de tensions croissantes entre l’exécutif provincial et certains bastions de l’opposition. Le choix de placer des élus à des postes opérationnels pourrait-il traduire une volonté de verrouillage institutionnel ? Ou s’agit-il au contraire d’une tentative d’injecter du sang neuf dans une administration souvent décriée pour son inertie ?
L’analyse des portefeuilles attribués révèle une attention particulière aux secteurs générateurs de recettes : gestion immobilière avec Olivier-Junior Bidi Mbolo à la RIMMOKIN, contrôle technique des véhicules sous la houlette de Kajos Mafolo Kasinzi, ou encore la gestion des déchets confiée à Jean-Claude Muissa Lilonga. Autant de domaines où les enjeux financiers croisent directement les préoccupations citoyennes.
Reste la question centrale : ces nominations marquent-elles un simple réalignement administratif ou préparent-elles le terrain pour de futures batailles politiques ? Les huit jours impartis aux députés-nommés pour trancher entre mandat électif et fonction exécutive constitueront un premier indicateur. D’aucuns y voient déjà un test de loyauté implicite, dans un jeu d’échecs politique où chaque pièce compte.
À l’heure où la politique RDC se recompose en prévision des prochains scrutins, cette valse des postes-clés pourrait bien refléter des équilibres plus larges. La gestion de ces nouvelles équipes administratives, entre impératifs techniques et réalités politiques, déterminera en partie la capacité du gouvernorat à concrétiser ses promesses de modernisation urbaine.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net